Plus personne ne nourrit aucune illusion au sein de ce qui aura été durant plus de 20 ans le Réseau pour le travail et la promotion humaine (RTPH), un centre de formation continue qui aide les personnes dans la recherche d’un emploi.
Toutes les actions ont été annulées, les six membres du personnel licenciés – les préavis sont en cours –, et rien ne pourra y faire.
«Il est clair que c’est bel et bien fini», commente tristement le fondateur et président de l’association, Ali Biever. «Le changement aurait dû avoir lieu avant pour espérer une autre issue.»
Les caisses sont vides
Sans une nouvelle convention avec le ministère du Travail, la fin était inéluctable puisque c’était là la seule source de financement de l’asbl. Qui a été avertie début octobre que la convention était résiliée avec effet rétroactif au 30 juin.
Le personnel a donc été licencié. «Certains ont droit à cinq mois de préavis, mais je ne pense pas que nous pourrons payer cela, les caisses sont vides», souligne Ali Biever.
La rupture a été rapide. Au sein du RTPH, personne ne pensait qu’elle serait à ce point radicale. Le ministère du Travail a visiblement été plus que lassé d’une forme de résistance menée et assumée par l’asbl.
Le nœud du problème tient à la convention même qui liait les deux parties. De longue date, le ministère du Travail aurait aimé intégrer les travailleurs du RTPH dans le cadre de l’Adem. (LSAP) l’avait suggéré en son temps, avant de reculer. Mais (LSAP) n’a rien lâché sur ce sujet.
«Nous avons eu une réunion au mois de mars au cours de laquelle le ministre a de nouveau avancé cette proposition: que le personnel travaille dans les locaux de l’Adem, sous l’autorité de l’Adem, mais reste engagé juridiquement par l’asbl», explique Ali Biever. «Nous avons marqué notre désaccord, en expliquant que c’était toujours problématique par rapport à la loi.» Selon le président du RTPH, Dan Kersch aurait alors annoncé que la situation resterait en l’état et que de nouvelles modalités seraient débattues en 2020.
Une réplique sans appel de la part du ministère
La surprise a été de taille quand un projet de convention est arrivé au RTPH, évoquant bel et bien la mise sous tutelle de l’Adem. Cela a été ressenti comme un camouflet. «Nous avons donc amendé le texte reçu et renvoyé celui-ci au ministère, avec une lettre d’accompagnement expliquant notre démarche», poursuit Ali Biever. «Un envoi a été fait par recommandé, un autre par mail.»
La réplique a été tranchante puisque le ministre a tout simplement signifié à l’asbl la non-reconduction de la convention. Ce qui était un arrêt de mort pour le RTPH.
Mais le ministère apporte des explications complémentaires: «Ce que nous avons reçu, c’est une convention corrigée par les seuls soins de la RTPH, et qui était déjà signée par eux. Les modifications apportées n’étaient pas futiles, mais réellement substantielles. Sans vérification et sans la vigilance de l’administration, ce document aurait pu être signé, ce qui aurait causé de réels problèmes.»
Le RTPH aurait en quelque sorte voulu que cette convention revue par ses soins passe inaperçue, soit signée au milieu d’autres documents pour ainsi devenir effective? «Nous ne faisons aucun procès d’intention à personne», indique Pierre Hobscheit, un des porte-parole du ministre.
Dan Kersch a annoncé transférer le dossier au Parquet suite aux modifications apportées par le RTPH au texte proposé par le ministère, voulant faire la clarté sur une éventuelle tromperie. Ce qui sera fait, confirme le ministère.
De quoi rendre Ali Biever un peu plus fâché encore. «Il y avait une lettre d’accompagnement, claire. Que veut-on faire laisser entendre? Que nous avons voulu tromper le ministre?»
Pour «nous tous, bénévoles, qui avons consacré notre temps et souvent une partie de notre argent à ces activités», la blessure est cruellement ressentie. «C’est un affront inacceptable!», conclut M. Biever. Les membres de l’asbl se réservent donc le droit de saisir à leur tour le Parquet pour dénonciation calomnieuse.
Le ministère confirme encore que pour lui, la situation est définitive, et le dossier clos puisque la convention n’a pas été reconduite. «Nous cherchons cependant des solutions en faveur du personnel de cette asbl», indique Pierre Hobscheit en guise de conclusion.