Stefan Van Geyt, group CIO chez KBL epb (Photo: KBL epb)

Stefan Van Geyt, group CIO chez KBL epb (Photo: KBL epb)

Nous avons assisté, ces derniers jours, aux premiers échanges musclés d’une guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances économiques mondiales.

Au début du mois de mars, le président américain Donald Trump annonçait son intention d’imposer d’importantes taxes douanières sur les importations d’acier (25%) et d’aluminium (10%), allant jusqu’à entraîner la démission de son principal conseiller économique Gary Cohn et le désaccord de plus de cent républicains de la Chambre.

Malgré de nombreuses mises en garde et menaces de représailles, le président Trump est passé à la vitesse supérieure le 22 mars dernier en annonçant des sanctions contre la Chine: de nouvelles taxes sur quelque 60 milliards de dollars d’importations chinoises, ainsi que des restrictions sur les investissements chinois.

Cette décision est loin de faire l’unanimité. D’aucuns pensent que de telles mesures nuiront inévitablement aux États-Unis, mais surtout aux consommateurs, à l’industrie et à l’emploi.

Le gouvernement chinois avait prévenu vouloir répondre coup pour coup.

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Le meilleur exemple en est certainement Boeing, qui serait facilement mis à mal en cas de guerre commerciale. Si la livraison d’appareils 787 pour China Southern Airlines et Air China est imminente, l’avenir pourrait être moins rose pour le plus gros exportateur américain: près de 80% de sa production est destinée à l’export et la Chine est justement le marché aéronautique dont la croissance est la plus forte au monde.

Le gouvernement chinois avait prévenu vouloir répondre coup pour coup. En annonçant vendredi dernier des droits de douane de 15% et 25% sur 128 produits américains, soit 3 milliards de dollars d’importations, sa réaction ne s’est effectivement pas fait attendre. Cette escalade a attiré l’attention des membres du G20 et des gouverneurs des banques centrales. Tous voient cette initiative d’un mauvais œil car elle pourrait faire dérailler la croissance mondiale de sa courbe ascendante actuelle.

Donald Trump aurait-il oublié que la Chine est le premier détenteur de dette américaine?

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Néanmoins, Oxford Economics, groupe de réflexion indépendant, estime que ces mesures américaines et ripostes chinoises ne coûteraient que 0,1% de la croissance du PIB chinois en 2018. L’impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales ou les retombées possibles sur les pays émergents restent pour l’instant inconnus.

Donald Trump aurait-il oublié que la Chine est le premier détenteur de dette américaine? L’ambassadeur de Chine aux États-Unis n’a d’ailleurs pas hésité à lui rappeler lors d’une interview accordée à Bloomberg TV. Cette piqûre de rappel pourrait potentiellement inquiéter Washington dont le déficit budgétaire et les dettes ont bondi afin de notamment financer les réductions d’impôts massives votées par les républicains, et la forte hausse des dépenses militaires voulues par le président Trump.

Toutefois, les bons du Trésor américain restent les plus sûrs du monde parmi les investissements obligataires et jouent leur rôle de «safe haven». Mais jusqu’à quand?