Fredrik Skoglund, chief investment officer, Banque internationale à Luxembourg. (Photo: BIL)

Fredrik Skoglund, chief investment officer, Banque internationale à Luxembourg. (Photo: BIL)

Aux États-Unis, où la reprise a commencé, l’activité est toujours soutenue. L’indice des directeurs d’achat du secteur manufacturier a bondi jusqu’à 60,80 en février, soit nettement au-dessus du seuil de 50 délimitant les phases d’expansion et de contraction d’une économie. Le marché du travail connaît une croissance ininterrompue. En février, les créations d’emplois se sont élevées à 313.000, un niveau suffisant pour absorber les nouvelles entrées sur le marché du travail. Le taux de chômage est resté inchangé à 4,1%, son plus faible niveau depuis 17 ans. Dans le contexte d’une économie aussi vigoureuse, le rendement à 10 ans des bons du Trésor américain devrait s’inscrire en hausse et s’établir entre 3 et 3,5% avant la fin de l’année. Cette hausse devrait toutefois se caractériser par son rythme très progressif, qui permettrait aux marchés «actions» de rester dynamiques. Une hausse soudaine des rendements, au contraire, effraierait les marchés.

Dans la zone euro, après les 2,7% de croissance enregistrée en 2017 (le rythme le plus élevé depuis 10 ans), l’économie a marqué une pause. Depuis le début de l’année, l’inflation est tombée à 1,2%; elle devrait cependant se redresser, selon les projections de la BCE, sans toutefois parvenir à l’objectif de 2% avant 2020.

Les taux vont nécessairement remonter. Tant que cela s’opère de façon graduelle, il n’y a pas, selon nous, de raison de s’inquiéter.

Fredrik Skoglund, chief investment officer à la Bil

Face à la vigueur retrouvée des économies, les banques centrales durcissent le ton, signe de la fin prochaine de leurs mesures de relance monétaire. Le marché anticipe un relèvement supplémentaire des taux américains pour 2018 depuis le discours prônant la fermeté du nouveau président de la Fed, Jerome Powell, devant le Congrès, et la publication de chiffres témoignant de la tonicité continue de l’activité économique. Désormais, les analystes tablent sur trois relèvements des taux, et la probabilité d’un quatrième tour de vis s’accroît. L’inflation globale de l’indice de la consommation des ménages (PCE), l’outil préféré de la Fed, se maintient à un niveau faible (1,7%), soutenu par le secteur du logement. Pour l’instant, c’est le signe que l’économie américaine se rapproche d’un régime «optimal» plutôt que de la surchauffe.

Afin d’éviter d’agir trop tardivement, la Fed cherche à relever ses taux de façon graduelle pour empêcher que l’économie s’emballe, sans pour autant mettre en péril la reprise. Si la Fed garde le cap et se concentre sur les conditions macro-économiques, nous ne voyons pas de raison de redouter une hausse des taux. Le danger est présent lorsque les marchés anticipent un resserrement de taux trop agressif de la part de la Fed.

Dans la zone euro, à l’occasion de sa réunion de politique monétaire de mars, la BCE a commencé à modifier ses indications prospectives et a cessé de promettre une hausse des achats d’obligations en cas de besoin. Le rendement du Bund allemand s’établit à 0,7% et devrait ressortir à 0,9% d’ici la fin de l’année. Cela étant, le marché n’anticipe pas de relèvement des taux de la BCE avant plus d’un an.

Les taux vont nécessairement remonter. Tant que cela s’opère de façon graduelle, il n’y a pas, selon nous, de raison de s’inquiéter.