David Seban-Jeantet: «La deuxième partie de l’année devrait voir se dissiper les incertitudes politiques, créant un environnement plus favorable aux actifs risqués.» (Photo: Société Générale Private Wealth Management)

David Seban-Jeantet: «La deuxième partie de l’année devrait voir se dissiper les incertitudes politiques, créant un environnement plus favorable aux actifs risqués.» (Photo: Société Générale Private Wealth Management)

L’euphorie du début de l’année 2018 a fait place à un environnement dominé par les incertitudes, les marchés actions s’inscrivant dorénavant en correction. Même les actions américaines, qui faisaient figure d’ilot de prospérité, ont finalement décroché au cours du dernier trimestre. Ralentissement de la croissance mondiale, guerre commerciale, politique monétaire: un certain nombre de vents contraires assombrissent l’horizon. Dans cet environnement, marqué par un retour de la volatilité, faut-il craindre l’année 2019?

Après dix ans d’expansion continue aux États-Unis, la croissance commence naturellement à ralentir. Les perspectives sont moroses: les bénéfices du stimulus budgétaire vont s’amoindrir et le grand programme d’infrastructures promis par M. Trump ne sera vraisemblablement pas mis en œuvre. Pour ne rien arranger, la guerre commerciale continue de peser sur le sentiment et désorganise les chaînes d’approvisionnement.

En Europe, la croissance ne cesse de décélérer et les risques politiques s’accumulent entre l’Italie, le Brexit et les prochaines élections européennes qui s’inscrivent dans un climat de montée du populisme.

La croissance mondiale sera certes plus modérée, mais toutefois résiliente.

David Seban-Jeantet, CIO, Société Générale Private Wealth Management

Du côté des banques centrales des pays développés, nous sommes à un point d’inflexion majeur puisqu’après avoir aidé les marchés ces dernières années avec des achats d’actifs massifs, elles vont ralentir leurs injections de liquidités. La Fed pourrait cependant fournir un facteur de soutien au marché au deuxième semestre 2019, car sa dynamique de hausse des taux touche à sa fin: nous anticipons encore deux hausses en 2019 suivies d’une pause. 

Ce contexte plus délicat nous laisse à penser que la croissance mondiale sera certes plus modérée, mais toutefois résiliente. En l’absence de récession, la correction actuelle ne devrait pas évoluer vers un marché baissier. 

Ce nouvel environnement se matérialise par des ajustements dans les valorisations des actifs. Celles des marchés émergents sont déjà revenues sur les points bas des dix dernières années, et l’Europe comme le Japon sont dans des positions similaires.

La pause prochaine dans le cycle de hausses de taux de la Fed devrait marquer un point haut du dollar.

David Seban-Jeantet, CIO, Société Générale Private Wealth Management

En parallèle, les marchés du crédit offrent aujourd’hui des primes de rendement attrayantes et les actions américaines conservent une prime de valorisation au regard notamment du rendement offert par les marchés monétaires et obligataires en dollar. 

La deuxième partie de l’année devrait voir se dissiper les incertitudes politiques, créant un environnement plus favorable aux actifs risqués. En outre, la pause prochaine dans le cycle de hausses de taux de la Fed devrait marquer un point haut du dollar, ce qui sera bénéfique aux actifs des pays émergents.

Pour les investisseurs euro, l’allocation d’actifs est cependant rendue difficile par la faiblesse du rendement des obligations d’état qui protège peu les portefeuilles diversifiés de la volatilité des marchés actions. Les mouvements tactiques et la diversification seront clés pour mitiger les risques.