Olivier Goemans, head of investment services and innovation à la Banque internationale à Luxembourg. (Photo: BIL)

Olivier Goemans, head of investment services and innovation à la Banque internationale à Luxembourg. (Photo: BIL)

L’année 2018 se clôture dans un climat de fébrilité généralisée. Les perspectives de croissance mondiale ont été revues à la baisse à la suite de plusieurs éléments majeurs: la montée des droits de douane, associée à de nombreuses croisades contre le multilatéralisme, le succès croissant des mouvements populistes, la négociation fastidieuse sur le Brexit et la transition des politiques monétaires vers un resserrement quantitatif… Nos perspectives à l’entame de 2019 restent cependant optimistes. 

Nous sommes dans une période de ralentissement qui n’est pas, selon nous, annonciatrice d’une fin de cycle économique. Comment l’expliquer? Au niveau global, on constate une désynchronisation de la dynamique positive d’une région à une autre, aussi faut-il regarder du côté de l’offre pour trouver une partie des réponses.

Des éléments, ponctuels, ont contraint l’activité à ralentir. C’est, par exemple, la baisse du niveau du Rhin et du Danube qui a fortement impacté le transport des marchandises. C’est aussi le cours du pétrole qui décroche, faisant craindre un ralentissement de la demande, alors que l’offre est surabondante. Du côté de la demande, nous ne diagnostiquons pas de réel affaissement, mais nous restons attentifs à la capacité de prophétie autoréalisatrice que les turbulences financières et boursières peuvent engendrer sur la confiance des agents économiques.

Si l’on zoome sur les États-Unis, la probabilité d’une récession reste faible à court terme.

Olivier Goemans, head of investment services and innovation à la Banque internationale à Luxembourg

Si l’on zoome sur les États-Unis, la probabilité d’une récession reste faible à court terme. Cependant, l’immobilier résidentiel présente un bulletin de santé mitigé en raison des tensions sur l’accès à la propriété. De même, l’érosion de l’impact de la réforme fiscale pourrait infléchir la vigueur de l’investissement productif. 

Du côté européen, la conjoncture est clairement plus fragile. L’activité semble à nouveau sous l’influence des vieux démons structurels du continent et de son incapacité à poursuivre les réformes. De plus, l’effet papillon a joué à plein en 2018: le moindre soubresaut observé à travers le monde a entrainé des dégâts collatéraux souvent importants en Europe.

Concernant la Chine, il faut faire abstraction des gros titres sensationnalistes pour prendre la réelle mesure de l’activité. Oui, l’activité chinoise ralentit, mais quoi de plus normal. Avons-nous tous oublié le principe de productivité marginale? Notre scénario reste celui d’une économie calibrée et pilotée par les autorités qui ont à leur disposition le double arsenal budgétaire et monétaire.

Toute prévision doit laisser une place importante à l’humilité.

Olivier Goemans, head of investment services and innovation à la Banque internationale à Luxembourg

Au regard de ces éléments, nous privilégions les actions (US et émergentes) dans notre stratégie d’investissement à l’horizon 2019, avec un biais marqué pour des entreprises de croissance et aussi de qualité, affichant un bilan solide. Les obligations restent des actifs indispensables pour diversifier son portefeuille, avec rendement plus faible. Elles nécessiteront une gestion des risques rigoureuse pour avancer en terrain miné: risque de liquidité, solvabilité, et hausse probable des taux d’intérêt. 

Toute prévision doit laisser une place importante à l’humilité. Les incertitudes planant sur l’économie mondiale sont nombreuses et prédire le scénario le plus probable pour 2019 relève de la gageure. Anecdotique, mais illustratif, saviez-vous que les scénaristes de la série «The Simpsons» ont une pertinence étonnante dans cet exercice? Ils avaient imaginé l’acquisition de la 21st Century Fox par Walt Disney, et aussi Donald Trump installé à la Maison-Blanche. Il y a plus de 20 ans.