Le 16 mars prochain marquera la date anniversaire de la mise en service effective des dix premiers radars fixes au Grand-Duché. Il y a donc près d’un an que les appareils de contrôle automatique de vitesse – et six radars mobiles supplémentaires - flashent les conducteurs circulant au-delà des limites autorisées. Que ces derniers circulent à bord de véhicules à deux ou quatre roues.

Présentés à de multiples reprises par les promoteurs du dispositif comme le ministère du Développement durable et des Infrastructures ou la Sécurité routière comme un outil destiné «à sauver des vies», les radars doivent permettre d’accélérer une tendance déjà présente. Celle de la réduction du nombre de morts sur les routes, en dépit de la croissance constante du nombre de véhicules en circulation (443.250 en 2015 contre 104.845 40 ans plus tôt).

Car le Grand-Duché, tout comme les autres pays membres de l’Union européenne, doit réaliser ses engagements qui consistent à réduire de moitié le nombre de victimes de la route entre 2010 et 2020. Et dans ce contexte, le Luxembourg fait figure de mauvais élève. Selon les dernières données de la Commission européenne, en 2015, le Luxembourg a enregistré une moyenne de 64 morts pour un million d’habitants, soit bien au-delà de la moyenne européenne, établie à 51,6 morts par million d’habitants. Selon Bruxelles, quelque 26.000 personnes trouvent actuellement la mort sur les routes européennes, pour quelque 135.000 blessés graves. Les chiffres de la mortalité sur les routes du Grand-Duché en 2016 devraient être dévoilés au cours des prochaines semaines.

Comme en France et en Belgique, où ils sont installés depuis une décennie, les radars fixes flashent activement. À en croire Martine Solovieff, procureur général d’État, les lumières rouges des appareils se sont activées en moyenne 845 fois par jour, soit 35 conducteurs surpris en excès de vitesse toutes les heures. Entre mars et décembre 2016, ce sont donc 245.991 voitures et camions qui ont été sanctionnés - 156.819 véhicules immatriculés au Luxembourg et 89.172 à l'étranger. Sans compter les deux roues. À un avertissement taxé fixé à 49 euros pour un dépassement de la vitesse limite inférieur à 20km/h et 145 euros au-delà, accompagné d’un retrait de points sur le permis de conduire, le bilan des neuf premiers mois de service s’élève à 12,5 millions d’euros. Dont 9,7 millions ont effectivement été perçus au 31 décembre 2016.

Cette activité, en plus d’apporter des «recettes» au budget de l’État, aboutit à une évolution du travail du Parquet. Ou du moins au renforcement du poids du volume des procédures. Car une fois centralisés par le centre de traitement des données de Bertrange, tous les excès de vitesse enregistrés aboutissent à la Cité judiciaire. D’où la création d’un poste de substitut du procureur, en charge de ces questions. Un poste à forte charge de travail, puisqu’estimé par le législateur à la gestion de 2.000 avertissements taxés par mois, soit une moyenne de 91 par jour ouvrable. Selon le rapport annuel du Parquet, un tiers des affaires enregistrées étant déjà en lien avec les questions relatives à la circulation routière. La proportion pourrait donc encore s’accroître dans le bilan 2016 et au-delà.

Car outre l’annonce de la mise en place de quatre nouveaux radars fixes en 2017 – au rond-point de Raemerich en provenance de Luxembourg, un sur la liaison Micheville en provenance de France, un sur la N8 entre Saeul et Brouch et un sur la CR118 entre Angelsberg et Mersch -, d’autres appareils de contrôle sont programmés. Des radars destinés à mesurer la vitesse mais aussi les distances de sécurité d’une part et à sanctionner le non-respect d’une signalisation ou l’utilisation d’une voie de circulation inadaptée d’autre part. Ces «radars-tronçons» et ces «radars feux rouges» devraient être installés «dès 2018» selon le calendrier avancé par le ministère du Développement durable et des Infrastructures.

D’après François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures, cité par le Luxemburger Wort, les 20 radars fixes déjà en place «ont permis de faire manifestement baisser la vitesse sur les routes» et de préciser avoir «l’espoir de pouvoir la réduire d’avantage par des contrôles des six radars mobiles (…) notamment à l’intérieur des agglomérations avec un ‘effet de surprise’.» Car la vitesse reste encore la principale cause de mortalité sur les routes luxembourgeoises.