La réunion, tenue la semaine dernière, entre les responsables de PwC Luxembourg et la mairie d’Arlon afin d’évoquer la possibilité de mettre en place une navette entre un parking de la commune belge et le siège du Ban de Gasperich n’est que le dernier exemple en date des efforts entrepris pour tenter de résoudre les problèmes de mobilité au Luxembourg. Car avec quelque 400.000 salariés travaillant quotidiennement sur le territoire national - soit le double de salariés enregistrés 20 ans plus tôt -, dont 45% de frontaliers, cette question figure depuis longtemps comme une question prioritaire.

Présentée par le gouvernement comme «un facteur-clé de la compétitivité», la thématique se heurte cependant aux différentes spécificités d’un territoire étendu sur 2.586 km2, aménagés principalement au cours des dernières décennies autour de la voiture. Une politique non spécifique au Luxembourg, mais qui atteint désormais ses limites, comme le prouve la hausse spectaculaire du trafic sur les principales autoroutes du pays. Entre 1985 et 2015, le nombre de véhicules comptabilisés par les Ponts et Chaussées sur l’A3 et sur l’A6 a été multiplié respectivement par sept et par quatre en 30 ans. Un constat qui a poussé François Bausch (Déi Gréng), ministre du Développement durable et des Infrastructures, à reconnaître une situation de «quasi-saturation permanente» du réseau autoroutier.

Trouvant ses origines à la fois dans le besoin de l’économie luxembourgeoise de créer chaque année quelque 10.000 emplois – soit l’équivalent de la population d’une commune telle que Bettembourg – et dans la concentration des moyens de déplacement autour des infrastructures routières, la problématique s’est vu apporter une réponse multiforme. Tournée à la fois vers une refonte du fonctionnement des infrastructures de transport et vers une expérimentation concernant les modes de travail.

Côté infrastructure, la priorité a été mise sur la valorisation des transports en commun. Outre un investissement de 2,4 milliards d’euros dédié à la modernisation des réseaux ferrés et routiers, la mise en place du tram et de ses pôles multimodaux et le doublement des places dans les P+R installés dans plusieurs niveaux de ceinture périphérique, le gouvernement table sur la valorisation de la mobilité douce.

Objectif: réduire les points de blocage actuels en proposant des alternatives, que ce soit en améliorant l’offre ferroviaire avec les pays limitrophes, en développant de nouveaux moyens de transport, ou en proposant la mise en place de voies prioritaires pour les adeptes du covoiturage. Pour le moment, les principaux points de blocage, selon les données des Ponts et Chaussées, se concentrent aux frontières et aux abords immédiats de la capitale, en situation de saturation complète au cours de la décennie écoulée.

En ce qui concerne les modes d’organisation du travail, les efforts se concentrent actuellement sur la promotion du télétravail, dans la lignée des recommandations de l’étude Rifkin sur la troisième révolution industrielle. Devant concerner aussi bien les fonctionnaires que les salariés du secteur privé, la méthode vise à réduire le nombre de personnes présentes sur les routes et dans les transports en commun aux heures de pointe en apportant une dose de flexibilité dans l’organisation du travail. Sauf qu’à ce jour, bon nombre de freins subsistent quant à sa mise en place, notamment en ce qui concerne les frontaliers, soumis à différentes contraintes. Qu’elles soient liées à leur pays de résidence ou aux règles imposées par leur entreprise.

À ce jour, le ministère du Travail indique que «des réflexions au niveau national ont été menées», mais ne confirme pas que de telles démarches ont été entreprises avec les pays limitrophes. Pour contourner le problème, certains projets prévoient d’ores et déjà de créer des hubs dédiés à cette fonction, aux frontières du Grand-Duché. L’idée est évoquée à Thionville, mais aussi à Sterpenich.