«La relation de confiance entre la majorité et l’opposition est durablement brisée», déplore , député Déi Lénk, aux côtés de son comparse , sur les bancs d’Um Plateau sur les hauts de Clausen. Les deux élus n’acceptent pas la façon dont le gouvernement et la majorité parlementaire ont profité de la crise sanitaire pour piétiner le fonctionnement des institutions.
«Nous avons approuvé l’état d’urgence même si ce n’était pas simple pour nous», rappelle M. Baum, soulignant que «ce n’est plus une option maintenant». Pour autant, Déi Lénk fustige le «déficit d’information» de la Chambre, tributaire d’un gouvernement donnant davantage d’informations lors de ses conférences de presse que dans ses réponses «évasives» aux questions parlementaires. «Et nous constatons que cela perdure après la fin de l’état de crise», regrette M. Baum.
Ce que Déi Lénk ne supporte pas, c’est que le gouvernement ait programmé le vote du projet de loi ratifiant l’accord commercial avec le Canada (Ceta) en pleine crise du Covid-19. «Pourquoi pas deux ou trois mois plus tard?», s’interroge M. Baum, voyant en cela une volonté de casser la contestation puisqu’alors aucune manifestation n’était possible. «C’est une mauvaise décision du gouvernement et de la majorité parlementaire. La relation de confiance entre la majorité et l’opposition est durablement brisée.»
Un constat confirmé par l’adoption, au sortir du confinement, «d’une loi de pouvoir et qui prolonge l’état de crise» et de lois Covid «que nous avons critiquées parce qu’elles ont été écrites dans la précipitation». Preuve en est le récent rappel à l’ordre de la Commission nationale pour la protection des données dans son avis sur les nouvelles restrictions décidées par le gouvernement: elle alerte le législateur sur le délai de trois mois prévu pour la destruction des données après l’état de crise, risquant de mettre à mal la stratégie de traçage et de dépistage du gouvernement. «C’est ce qui arrive quand on ne prend pas le temps de rédiger une loi», soupire M. Baum, sachant que les amendements ont été adoptés jeudi à la Chambre, soit quatre jours après leur dépôt par la ministre de la Santé.
Besoin d’un nouveau monde
Le député raille encore un «déconfinement complètement incohérent» dans lequel «chaque ministère n’en fait qu’à sa tête».
«La crise du Covid-19 n’est pas venue du ciel, elle tire son origine dans un système qui ne fonctionne pas, s’appuyant sur un libre-échange complètement dérégulé et basé sur le profit à court terme», enchaîne David Wagner. «Nous pensions qu’il serait plus facile de tirer les leçons de la crise puisque les causes étaient connues, mais nous avons vite compris que le ‘nouveau monde’ dont parlent le patronat et les libéraux est un monde avec moins de libertés. Alors que nous avons besoin d’un nouveau monde synonyme de plus de services publics, de temps de travail réduit.»
La ratification du Ceta – «non démocratique, anti-écologique et non social» – démontre selon lui qu’«il n’y a en fait aucune prise de conscience». Idem pour la poursuite de la politique d’investissements du Fonds de compensation commun au régime général de pension (FDC), alors que se profile la crise climatique.
Le député dénonce une «politique du laisser-faire» illustrée par l’inaction du gouvernement face au projet de rénovation de l’Hôtel des Postes ou à l’avenir de Luxair, lorsque la protection du climat voudrait que l’on renonce aux vols de courte distance au profit du train.
Déi Lénk réclame encore la régularisation des travailleurs au noir, qui ont contribué à nourrir et à faire tourner le pays durant la crise, beaucoup étant migrants. Et assène un dernier coup de griffe à la politique militariste du «ministre de la Guerre» , vice-Premier ministre et ministre de la Défense, entre le satellite d’observation et le programme MRTT adopté à la Chambre jeudi et grevant de 600 millions le budget de l’État. «Le problème principal est l’utilité de ces programmes!», souligne M. Wagner.
Les deux députés laisseront leur mandat à deux femmes au printemps 2021, Nathalie Oberweis et Myriam Cecchetti, en vertu de la politique de rotation des élus pratiquée par leur parti. Une «féminisation» radicale et «bénéfique», sourit M. Baum.