La régulation est souvent perçue comme un fardeau qui empêche l’innovation. Elle est néanmoins nécessaire et va encore prendre plus de place dans nos activités. Le Luxembourg est idéalement positionné pour être un acteur majeur dans un monde où la régulation est omniprésente sans entraver le développement des organisations.

La régulation, facteur limitant de l’innovation

Les évolutions technologiques de ces 20 dernières années ont aujourd’hui un impact majeur sur le secteur financier et les acteurs traditionnels se voient concurrencés directement par les fintechs et les GAFAM. Le poids des obligations réglementaires dans les coûts de fonctionnement des banques est régulièrement invoqué comme le facteur principal limitant leur compétitivité par rapport aux nouveaux entrants : difficulté à innover, à baisser les tarifs, obligation de garder un focus fort sur des aspects non visibles pour les clients finaux, etc… Ceci d’autant plus que ces nouveaux acteurs ne sont souvent pas soumis aux mêmes règles car ils n’ont pas le même statut.

Le poids de la régulation va encore augmenter dans les années à venir.

Le poids et la place de la régulation dans l’ensemble des secteurs d’activités vont encore augmenter dans les années à venir. Les géants de la tech vont y être soumis sur leur cœur de métier: détection des fake news, lois anti-trust, respect des différences, etc. Nous pouvons lire à ce propos .

La crise sanitaire de cette année va y contribuer. Les pouvoirs publics de tous les pays ont et vont injecter des milliards d’euros pour adresser les impacts économiques et empêcher qu’une autre crise de même nature ne survienne. Ces actions vont s’accompagner d’un renforcement des contrôles de tous types. Nous devons nous y habituer : nos activités vont être de plus en plus régulées.

Innover dans la manière d’adresser la régulation

Le reproche principal fait à la régulation concerne les coûts qu’elle engendre, coûts qui ne sont pas considérés comme des investissements car ils ne permettent pas réellement de se différencier par rapport aux concurrents. Aujourd’hui, chaque entreprise gère seule ses contraintes réglementaires en utilisant ses propres données, avec deux approches opposées :

- En faire le minimum nécessaire et justifier qu’on a « fait le job » sans se soucier de la performance de cette activité qui est uniquement considérée sous l’angle de son coût. Approche souvent adoptée par les petits acteurs.

- Être irréprochable, décliner les contraintes réglementaires en règles internes qui doivent être suivies par tout le monde. Les grandes multinationales du secteur financier procèdent souvent ainsi.

Une façon classique de réduire les coûts est de faire des économies d’échelle en mutualisant les moyens. Il est intéressant de constater que de telles économies sont impossibles à réaliser dans les deux cas cités ci-dessus : soit les acteurs sont trop petits pour faire des économies d’échelle, soit ils sont trop prudents et ne généralisent que les contraintes sans mutualiser les moyens.

Le futur: la compliance as a service

Les objectifs de la régulation sont de trois natures différentes :

Les trois objectifs de la régulation. Intech

Les trois objectifs de la régulation. Intech

Ce sont des objectifs sociaux dont la réalisation bénéficie au plus grand nombre. Il n’y a pas (ou ne devrait pas y avoir) de compétition entre les entreprises sur ce sujet. Plus l’environnement est sain, plus cela profite à la communauté et aux entreprises elles-mêmes. L’enjeu principal est alors l’optimisation des contrôles.

La pratique de l’échantillonnage qui consiste à sélectionner un sous-ensemble des informations sur lesquels pratiquer des contrôles approfondis est aujourd’hui dépassée, de même que sa dérivée qui consiste à sélectionner les informations à contrôler à partir d’écarts par rapport à la moyenne. La technologie permet d’appliquer des contrôles systématiques sur l’ensemble des données. Regrouper ces contrôles sur une plate-forme unique qui fournit de la compliance as a service a deux vertus :

- D’une part il n’y a pas de duplication des contrôles entre les entreprises. Le meilleur exemple est probablement le KYC pour lequel toutes les banques font exactement les mêmes contrôles sur les mêmes personnes.

- D’autre part les contrôles sont de meilleure qualité. Il est possible d’utiliser les données et les résultats des contrôles similaires déjà réalisés pour d’autre clients pour améliorer la pertinence des résultats.

Réaliser ceci en préservant la confidentialité des données entre les clients et les règles de protection des données personnelles est un véritable défi qui constituera une partie du cœur de métier de ces nouveaux acteurs.

Le Luxembourg bien positionné

Avec des initiatives comme (KYC et AML), (MIFID 2), ou (AML sur blockchain) la place de Luxembourg est en avance côté initiatives. Ces trois entreprises ont vocation à avoir un rayonnement européen, voire mondial. Elles reposent toutes les trois sur l’utilisation de la technologie et la mutualisation des services pour optimiser et améliorer la chaine de valeur dans le secteur financier. Avec un régulateur rigoureux et bienveillant, un écosystème fintech/regtech foisonnant matérialisé par le Lhoft et des initiatives d’envergures telles que celles citées ci-dessus portées par des grands groupes, le Luxembourg a tous les atouts pour être un acteur majeur dans un monde où la régulation est omniprésente mais prise en charge de manière globale, sans entraver la flexibilité et le dynamisme des acteurs.