Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne/archives)

Philippe Ledent, senior economist chez ING Belux. (Photo: Patricia Pitsch/Maison Moderne/archives)

La semaine dernière, l’attention des marchés s’est notamment focalisée sur les chiffres de croissance et d’inflation dans la zone euro, alors que la Banque centrale européenne (BCE) tenait également une réunion de politique monétaire (précédant la publication des statistiques les plus importantes).

Une bonne et une mauvaise surprise ont été au rendez-vous. Commençons par le meilleur: la croissance économique de la zone euro a atteint 2,2% au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent. Pour comprendre à quel point ce chiffre est élevé, il faut se rappeler que le rythme de croissance normal est de l’ordre de 0,5% par trimestre tout au plus.

Ceci étant, la surprise à la hausse de la croissance n’a pas été constatée partout. L’Allemagne et l’Espagne ont déçu, tandis que la France, l’Italie, la Belgique et l’Autriche ont surperformé (le chiffre du Luxembourg n’est pas encore disponible). Il faut dire que la pénurie de semi-conducteurs a un effet disproportionné sur l’économie allemande par rapport aux autres grands membres de la zone euro, en raison de l’importance du secteur automobile dans ce pays. On notera enfin que l’Allemagne et l’Italie sont maintenant à 1,1% et 1,3% en dessous de leur niveau d’activité d’avant la pandémie. La France l’a presque atteint, et un certain nombre de petites économies l’ont déjà dépassé.

Les effets du rebond post-confinement s’estompent

Pas d’euphorie, néanmoins! Certes, la période de rattrapage s’est mieux déroulée que prévu, mais, à partir de maintenant, il faut s’attendre à une phase de reprise plus modérée. En effet, les effets du rebond post-confinement s’estompent, ce qui entraînera un ralentissement naturel de la croissance du PIB. En outre, les pénuries de composants et les problèmes de chaînes d’approvisionnement viennent s’ajouter aux difficultés de l’industrie manufacturière, qui se sont généralisées au cours des derniers mois.

Du côté de la consommation, les vents contraires de l’inflation galopante – qui atteint 4,1% en octobre, c’est la mauvaise surprise… – devraient modérer les perspectives de reprise des services, car la facture d’énergie des ménages érode leur capacité à consommer.

Bref, la partie la plus facile du cycle économique semble se terminer. À présent, place à une situation plus complexe, marquée aussi par des questionnements importants au sujet des politiques économiques: la Banque centrale européenne va-t-elle devoir intervenir plus tôt que prévu, compte tenu de la forte inflation? Les plans de relance pourront-ils délivrer tous leurs effets, compte tenu des contraintes d’offre? Et surtout, comment gérer à présent l’énorme dette publique issue de la pandémie?