Maître Alain Grosjean, Président du comité luxembourgeois de l’UIA, s’intéresse aux droits des femmes à travers le monde. (Photo : Luc Deflorenne / archives)

Maître Alain Grosjean, Président du comité luxembourgeois de l’UIA, s’intéresse aux droits des femmes à travers le monde. (Photo : Luc Deflorenne / archives)

Ouvrage collectif sur le droit des femmes, film sur la condition des Yéménites en période de conflit meurtrier sans images de la presse, la soirée de mercredi sera dédiée aux droits des femmes. En présence de la réalisatrice du film «Enfants reporters de guerre», Khadija Al-Salami, ainsi que de Gilles Gauthier, ancien ambassadeur de France au Yémen, qui vont pouvoir éclairer le public, après la projection du film, sur ce conflit oublié, faute d’accès des médias.

Maître Grosjean, vous avez contribué à la sortie d’un ouvrage collectif sur les droits des femmes. Dans quel contexte est venue l’idée de ce livre?

«Je me suis beaucoup intéressé à l’affaire sur le voile, tout d’abord pour des raisons professionnelles. Puis j’ai acquis des convictions personnelles, car des pressions sont faites sur les femmes pour les empêcher à l’autodétermination, c’est une culture qui est difficile à changer. L’idée était d’aider, à travers cet ouvrage, une association, pour que les mentalités changent. Nous avons recueilli une série de témoignages, avec des prises de position, notamment du Premier ministre Xavier Bettel et de la ministre à l’Égalité des chances, Lydia Mutsch. Nous y avons ajouté également des études comparatives belges et françaises de dimension internationale.

Grâce à son travail, Khadija Al-Salami a réussi à faire changer les mentalités.

Maître Alain Grosjean, président de l’UIA

L’intégralité des droits d’auteur et 50% du prix du ticket de cinéma seront reversés à l’Association Al Baradoni, une association française qui aide la Yéménite Khadija Al-Salami à financer la scolarité des jeunes filles dont les familles sont sans ressources. Pourquoi aider cette association?

«J’avais vu une interview à la télévision de Khadija Al-Salami, qui a un discours très humaniste. Ça m’a touché. Après avoir fait des pieds et des mains pour arriver à la contacter, nous avons réussi à la faire venir en 2017 pour présenter son film sur le mariage des enfants au Yémen. Elle en avait été elle-même victime, son témoignage était poignant. Elle travaille en faveur des jeunes femmes et fait un gros travail de sensibilisation dans son pays.

Je ne suis pas spécialiste de la question, mais le Yémen souffre énormément d’un embargo suite au conflit qui est très complexe. 21 millions d’habitants sur 27 sont en danger, c’est énorme. La situation est catastrophique. Grâce à son travail, elle a réussi à faire changer les mentalités, à montrer à sa famille qu’une femme peut être indépendante et faire vivre ses proches. Cette fois, elle va présenter un film d’enfants reporters. Au vu de l’embargo pour les journalistes, elle propose un regard humanitaire à travers les enfants qui ont filmé le conflit. C’est un regard très humaniste.

Quel rôle pouvez-vous jouer à votre niveau, en plus de cet ouvrage et cette soirée?

«Même au Luxembourg, les droits des femmes ne sont pas forcément évidents. Je pense que le message de lutte contre les violences faites aux femmes devrait également être porté par les hommes, et pas uniquement par les victimes. Ces dernières ont témoigné de façon anonyme dans notre ouvrage. Mais de par ma fonction d’avocat, je sais que les victimes ne sont pas toujours les mieux placées pour parler et défendre une cause, car il y a trop d’affects. Il faut donc pouvoir prendre le relais.»

La soirée spéciale a lieu mercredi à Utopia à 18h30, la réservation étant fortement conseillée.