Depuis 2003, le comité de coopération entre les professionnels dans le domaine de la lutte contre la violence livre chaque année son rapport au ministère de tutelle. Il est constitué de représentants du Parquet auprès des tribunaux d’arrondissement de Luxembourg et de Diekirch, de la police grand-ducale, du Service d’assistance aux victimes de violence domestique (SAVVD) et de Riicht Eraus, le service qui prend en charge les auteurs de violence domestique. De quoi donner une vision claire de la situation sur le terrain.

La police grand-ducale est intervenue à 789 reprises au cours de l’année 2016. Elle a dressé 231 constats de coups et blessures (40,4% des délits répertoriés) et enregistré 53 menaces de mort contre 42 en 2015.

Plus d’un tiers des victimes sont des hommes

Les victimes restent majoritairement de sexe féminin, mais pas dans les proportions que l’on pourrait croire: elles représentent 62,4% des victimes, contre 37,6% pour les hommes. Elles sont à l’inverse moins nombreuses parmi les auteurs des violences, masculins à 68,1%. À noter que cette répartition évolue puisqu’en 2015 les hommes représentaient exactement les deux tiers des auteurs contre un tiers pour les femmes.

La loi luxembourgeoise permet d’éloigner l’auteur de violences de son domicile afin de protéger ses victimes. En 2016, les Parquets de Luxembourg et de Diekirch ont autorisé 256 expulsions, dont 210 dans des faits de violence perpétrés par un homme.

La majorité des violences concernent des couples, toutefois les violences menées par un enfant envers un adulte sont en légère progression – 24 cas sur 256 expulsions. 12 cas relevaient de violences perpétrées par un adulte sur un enfant.

453 cas répertoriés par le Riicht Eraus

D’après les statistiques du SAVVD, 72,66% des victimes en 2016 étaient originaires de l’UE, dont 27,34% de nationalité luxembourgeoise et 30,56% de nationalité portugaise. Les nationalités les plus représentées parmi les pays tiers sont le Cap-Vert (8,20%) et le Monténégro (2,34%). La violence domestique touche 36 nationalités, dont 13 de l’UE.

Les Luxembourgeois et les Portugais sont également les principales nationalités à avoir fait appel au Riicht Eraus, de manière volontaire ou en vertu d’obligations judiciaires dans le cadre d’un contrôle judiciaire ou d’une injonction du tribunal de la jeunesse.

Face à des chiffres stables, mais toujours trop élevés des interventions policières et des expulsions, la ministre de l’Égalité des chances compte sur l’information et la sensibilisation afin de lutter contre la violence domestique, d’autant que tous les cas ne sont pas forcément portés à la connaissance des pouvoirs publics. En particulier dans certaines parties du pays moins urbanisées et moins concernées par des logements mitoyens, propices au signalement de violences par le voisinage.

Plusieurs campagnes multilingues ont été lancées en collaboration avec les associations nationales et étrangères afin de toucher un large public.