Pour l’experte, les projets de développement «ont aussi des répercussions positives sur l’emploi».  (Photo: Deloitte Luxembourg)

Pour l’experte, les projets de développement «ont aussi des répercussions positives sur l’emploi».  (Photo: Deloitte Luxembourg)

Les infrastructures en tant que classe d’actifs sont un des sujets d’actualité de votre symposium sur l’immobilier. En quoi cette classe d’actifs est-elle intéressante pour les investisseurs?

«Le secteur des infrastructures s’est révélé très résilient et source de rendements stables et sûrs. Les TRI espérés et actuels se situent en général autour de 10-12%, avec des rendements annuels effectifs se situant autour de 5-9%. Un investissement dans l’infrastructure peut permettre de diversifier ses investissements par comparaison à des investissements de type «equity» et à des investissements immobiliers de base.

Il y a un réel appétit des fonds souverains, des fonds de pension et des compagnies d’assurances à investir dans des fonds infrastructures. Il y a aussi une tendance récente à encourager le financement privé de ces investissements infrastructures en complément des investissements publics.

Le secteur des infrastructures inclut des actifs tels que les hôpitaux, les logements sociaux, les maisons de soins ainsi que les infrastructures de distribution d’eau et de traitement des eaux usées, les ports ou les aéroports, qui présentent des avantages généraux réels. Bien souvent, les projets de développement ont aussi des répercussions positives sur l’emploi.

Les résultats de l’enquête sur les investisseurs européens dans l’infrastructure (European Infrastructure Investors Survey) réalisée récemment par Deloitte indiquent que les énergies renouvelables sont une catégorie d’actifs de plus en plus prisée par les investisseurs. Malgré l’impact de certains changements législatifs sur les rendements, les investisseurs souhaitent toujours une stabilisation de l’environnement réglementaire relatif à cette classe d’actifs.

On constate également la création de plusieurs fonds qui investissent dans des prêts et autres titres de créances subordonnés ou de type «mezzanine» dans le secteur spécifique de l’infrastructure.

Enfin, en raison du caractère plutôt passif de cette classe d’actifs, les activités de gestion dans le domaine de l’infrastructure sont en général moindres, ce qui justifie une rémunération de gestion plus faible. Cela devrait permettre aux investisseurs d’obtenir des rendements plus élevés et rendre ce secteur encore plus attractif.

Quel pourrait être l’impact du Brexit sur le marché immobilier, au Royaume-Uni comme au Luxembourg?

«Le vote inattendu des Britanniques en faveur d’une sortie de l’Union européenne en juin 2016 a perturbé le secteur immobilier.

Toutefois, de nombreux investisseurs étrangers essaient de tirer bénéfice de la baisse de la livre sterling et augmentent actuellement le niveau de leurs investissements au Royaume-Uni. On constate donc une recrudescence du volume des transactions sur le marché immobilier britannique.

Le Brexit a aussi poussé les gestionnaires d’actifs immobiliers à prendre des décisions stratégiques relatives à leurs activités dans l’optique de s’assurer un accès continu au marché européen. Plusieurs gestionnaires d’actifs immobiliers ont en effet déjà annoncé récemment leur intention de migrer leurs activités (ou une partie) vers le Luxembourg. Ces gestionnaires reconnaissent dès lors les avantages du Luxembourg en tant que place financière incontournable détenant déjà plus de 3.700 milliards d’euros d’actifs sous gestion (au 31 décembre 2016).

Les prochains mois seront décisifs car les conséquences pratiques du Brexit deviendront plus claires et concrètes.

Les gestionnaires d’actifs continuent de se heurter à des exigences réglementaires accrues. Comment peuvent-ils gérer ces exigences tout en se focalisant sur l’optimisation des rendements pour les investisseurs?

«Les investissements immobiliers attirent de plus en plus d’investisseurs, ce qui engendre un besoin accru de transparence et de «reporting» étendu. De plus, le renforcement récent des exigences réglementaires a obligé les gestionnaires d’actifs à fournir plus d’informations et de manière plus efficiente aux investisseurs.

Les gestionnaires d’actifs ont donc dû analyser leurs modèles opérationnels pour accroître leur efficacité. La numérisation et l’optimisation des systèmes informatiques sont actuellement en tête des priorités des gestionnaires d’actifs immobiliers. Les gestionnaires d’actifs réexaminent également le choix d’externaliser certaines activités non stratégiques.

On peut clairement s’attendre à ce que la numérisation devienne une évolution importante pour les gestionnaires d’actifs immobiliers à l’avenir.»