Charles Margue: «Que vous soyez salarié, cadre ou patron, vous ne vous investissez pas éternellement si vous n’éprouvez pas une bonne dose de bonheur.» (Photo: Julien Becker / Archives)

Charles Margue: «Que vous soyez salarié, cadre ou patron, vous ne vous investissez pas éternellement si vous n’éprouvez pas une bonne dose de bonheur.» (Photo: Julien Becker / Archives)

Monsieur Margue, peut-on concilier bonheur et rentabilité? N’est-ce pas une formule hypocrite?      

«J’espère que la formule ne l’est pas; vous avez le droit de la trouver suspecte ou douteuse, et je vous l’accorde, c’était ma première lecture lorsqu’on m’a proposé d’intervenir à ce sujet.

Mais je m’insère dans le long terme (j’ai horreur du ‘courtermisme’ ambiant), je suis convaincu que vous ne pouvez être ‘rentable’ sans bonheur. 

Que vous soyez salarié, cadre ou patron, vous ne vous investissez pas éternellement si vous n’éprouvez pas une bonne dose de bonheur.

La rentabilité peut être immédiate sans nécessairement procurer du bonheur, mais à la longue, si vous n’arrivez pas à vous ressourcer, vous devenez malade.

La manière de penser son rapport au travail évolue de génération en génération. Les attentes des jeunes recrues sont-elles très différentes des précédentes? 

«C’est ce qu’on dit, et c’est ce que disent les DRH. Mais remarquons que ces jeunes vivent une autre jeunesse que leurs parents, ou encore leurs aînés. Je veux dire, ils vivent dans un autre monde en termes de révolution technologique permanente, de pression générale sur nos modes de vie suite à la mondialisation et à la transition écologique; les familles se réduisent en nombre de leurs membres, ménages recomposés… Sécularisation de nos sociétés occidentales et recherche identitaire sont les expressions simultanées d’un monde en perpétuelle remise en question. Il ne faut donc pas s’étonner que les jeunes nous ressemblent de moins en moins; confrontés à leurs défis, ils s’expriment, revendiquent, ont des postures et attitudes qui leur correspondent – ce n’est que légitime; ouverture d’esprit, échange, dialogue et respect mutuel sont ainsi requis de part et d’autre.

Les employeurs ont-ils compris l’intérêt d’investir dans le bien-être de leurs employés, ou faut-il encore faire «œuvre de pédagogie»?

«Nombreux sont les employeurs qui l’ont compris, et ce n’est pas nouveau, le paternalisme et/ou les cultures d’entreprise basées sur la solidarité et la justice en sont des expressions anciennes; je me désole du ‘gâchis humain’ dans maintes entreprises et administrations; il est quand même affligeant de constater la croissance des maladies psychiques dues au travail à une période ou le recul des accidents du travail est considérable.

Bien des employeurs/cadres dirigeants sont évalués pour leurs qualités de gestionnaires économiques, et trop souvent, les RH n’ont pas la considération qu’il faudrait dans l’organisation/l’organigramme des entreprises; si vous êtes sans empathie pour vos collaborateurs, si l’homme vous indiffère, vous n’êtes pas à votre place comme dirigeant.»

Les inscriptions au «10x6 RH: le bonheur est rentable!» sont ouvertes sur le site du Paperjam Club.