Les «smart contracts» vont jouer un «rôle important» dans le secteur des assurances et doivent donc être suivis de près par les actuaires, selon Franck Marchand, président de l’Ilac. (Photo: LaLa La Photo / archives)

Les «smart contracts» vont jouer un «rôle important» dans le secteur des assurances et doivent donc être suivis de près par les actuaires, selon Franck Marchand, président de l’Ilac. (Photo: LaLa La Photo / archives)

M. Marchand, que ce soit dans l’assurance ou dans la finance, la blockchain offre de nombreuses possibilités. En quoi les actuaires sont-ils concernés par cette innovation?

«Les actuaires imaginent les produits d’assurance de demain, et la blockchain pourrait y jouer un rôle important, via les ‘smart contracts’ notamment. Ceux-ci pourraient, entre autres, simplifier et accélérer considérablement le règlement des sinistres, en l’automatisant entièrement en fonction de critères fixés au départ.

Imaginons par exemple, un ‘smart contract’ qui vous indemniserait si votre train est en retard. À travers l’environnement hautement sécurisé de la blockchain, ce contrat digital irait rechercher sur le site des CFL si votre train est à l’heure ou pas. En cas de retard dépassant une marge déterminée à l’avance, le paiement de l’indemnité prévue serait automatiquement déclenché.

Comment se situe la profession par rapport à la blockchain, et plus particulièrement par rapport aux nouvelles technologies?

«Le métier d’actuaire a fondamentalement changé ces dernières années. La puissance de calcul des ordinateurs s’est considérablement développée, et des outils informatiques plus pointus – mais gourmands en temps et en machine – font désormais partie de la boîte à outils de l’actuaire.

C’est le cas, par exemple, des techniques dites de ‘machine learning’. Un des enjeux pour les actuaires est d’être constamment à l’écoute des évolutions digitales afin d’intégrer les nouvelles technologies dans leur quotidien. Pour les y aider, l’Ilac organise régulièrement des conférences gratuites, ouvertes à tous, sur des sujets d’actualité.

Dans cinq ans, le volume des données numériques sera multiplié par 10.

Franck Marchand, président de l’Ilac.

Tous ces nouveaux outils et toutes ces nouvelles possibilités rendus possibles grâce aux avancées technologiques doivent-ils effrayer le secteur des assurances, et plus précisément les actuaires?

«Le métier des actuaires est de mesurer les risques. Si les ‘smart contracts’ permettent de couvrir de nouveaux risques, cela ouvre de nouvelles perspectives aux actuaires. Outre la blockchain, les nouvelles technologies ont pour effet de nous faire entrer dans l’ère du big data. En effet, les objets connectés se multiplient (voitures, équipements domotiques, bracelets).

L’industrie estime que dans cinq ans, le volume des données numériques sera multiplié par 10. Les données sont la matière première des actuaires, car ils mettent au point des algorithmes pour identifier des tendances et prédire des comportements. Leur rôle va donc très probablement croître avec le développement des nouvelles technologies. De nombreux actuaires travaillent déjà sur l’exploitation des données issues des véhicules connectés, par exemple.»