Le conseil d’administration de l’Ilac est composé de Gilles Dupin, Thierry Flamand, Martine Van Peer, Luc Themelin, Franck Marchand, Didier Bergamo, Alain Nicolaï et Annick Felten. Ils sont accompagnés de William De Vijlder, directeur des études économiques du Groupe Bnp Paribas, orateur de la soirée anniversaire. (Photo: Ilac)

Le conseil d’administration de l’Ilac est composé de Gilles Dupin, Thierry Flamand, Martine Van Peer, Luc Themelin, Franck Marchand, Didier Bergamo, Alain Nicolaï et Annick Felten. Ils sont accompagnés de William De Vijlder, directeur des études économiques du Groupe Bnp Paribas, orateur de la soirée anniversaire. (Photo: Ilac)

Monsieur Marchand, dans quel contexte a été fondé l’Ilac en 1992?

«Il y avait déjà eu une tentative de créer une association des actuaires il y a 30 ans, nous a raconté Victor Rod (ancien président du Commissariat aux assurances, ndlr) la semaine dernière. Mais à l’époque il fallait au moins sept membres, et même en cherchant dans tout le pays, ils n’en ont pas trouvé sept. Cinq ans plus tard, l’Ilac a finalement été créé avec une vingtaine de membres. Nous sommes aujourd’hui 243. C’est, proportionnellement à la population, dix fois plus qu’en France qui compte 3.000 actuaires.

À quoi est dû ce développement de la profession?

«Il s’agit d’un développement continu, mais il est clair que la directive Solvabilité II (2009, ndlr) a considérablement augmenté les besoins en actuaires. Elle prévoit que les compagnies d’assurances doivent avoir en leur sein une fonction actuarielle. Et comme énormément de calculs quantitatifs — spécialité des actuaires — sont nécessaires pour mettre en place la directive, le mouvement s’est accéléré.

Nous avons créé un programme de qualified actuary, reconnu par toutes les autres associations en Europe.

Franck Marchand, président de l’Ilac

Des modèles ont été mis en place à la suite de la crise de 2008 pour mieux anticiper à l’avenir ces problèmes et veiller à ce que les compagnies d’assurances soient suffisamment solvables pour pouvoir faire face à leurs engagements. Les actuaires ont largement contribué à ce que les calculs soient plus en phase avec la réalité. Ils portent en grande partie la culture du calcul du risque qui existe dans les compagnies d’assurances.

Comment se répartissent les actuaires sur la Place?

«On en trouve un peu partout. Le marché de la réassurance a été en grande partie initié par un actuaire. Beaucoup évoluent dans les compagnies d’assurance-vie transfrontalières. Ils travaillent aussi dans toutes les compagnies du marché local, les fonds de pension, les superviseurs (Commissariat aux assurances et Sécurité sociale), parmi les professionnels du secteur des assurances, et même chez les courtiers en assurances.

Quelle législation régit la profession?

«La directive Solvabilité II impose certains critères pour occuper une fonction actuarielle: il faut que les personnes soient «fit and proper», c’est-à-dire formées et titulaires d’un casier judiciaire vierge. Cela a considérablement fait changer notre institut. Nous avons voulu nous donner les moyens de montrer que les actuaires de notre institut étaient à même d’occuper une fonction actuarielle. Nous avons donc mis en place un code de déontologie et un système de formation continue. Nous avons créé un programme de qualified actuary, qui est reconnu par toutes les autres associations d’actuaires en Europe.

L’actuaire ne doit plus essayer d’imaginer le futur à partir des données du passé, mais à partir des données du quasi-présent.

Franck Marchand, président de l’Ilac

C’était quelque part aussi nécessaire parce que le Luxembourg a un très fort besoin d’actuaires et le statut d’actuaire qualifié permet à un professionnel quittant la France ou le Royaume-Uni de conserver son statut en venant travailler ici, et la formation luxembourgeoise est également reconnue dans les autres pays. Cette qualification est née d’une initiative des différents instituts en Europe réunis au sein de l’Actuarial Association of Europe (AAE).

Le métier d’actuaire a-t-il beaucoup évolué en 25 ans?

«Il a considérablement changé et s’est toujours adapté aux évolutions. La science financière a beaucoup évolué, au niveau de la modélisation financière, par exemple. L’actuaire est toujours là. Son plus grand défi désormais est le big data. Avec les objets connectés, comme l’assurance-auto qui s’appuie sur des boîtiers embarqués, avec les informations que l’on trouve sur internet, l’actuaire ne doit plus essayer d’imaginer le futur à partir des données du passé, mais à partir des données du quasi-présent. Il traite beaucoup plus de données, mais doit pouvoir donner dans l’instant son évaluation des besoins du client et de ce qui est le plus adapté pour lui.

C’est pour cela que nous donnons des formations sur les nouveaux outils des actuaires, comme la data science et le machine learning (apprentissage statistique, ndlr). Nous organisons régulièrement des conférences ouvertes à tous, par exemple récemment sur le bitcoin, le big data, la protection des données ou encore les innovations sur les marchés des assurances dans le monde et la géopolitique des assurances.»