Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: BGL BNP Paribas)

Guy Ertz, chief investment advisor au sein de BGL BNP Paribas. (Photo: BGL BNP Paribas)

La finance durable peut se définir comme «l’intégration des principes environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions des entreprises, le développement économique et les stratégies d’investissement»[1]. La littérature académique suggère qu’il existe un lien positif ou nul entre les critères ESG et la performance financière des entreprises. En outre, il s’avère que l’intégration des critères ESG dans la stratégie et la culture d’entreprise peut conduire à la réduction des risques, en particulier des risques extrêmes.

Les propriétés risque-rendement des stratégies utilisant des critères ESG par rapport aux critères traditionnels

Un certain nombre de recherches ont été réalisées sur ce sujet. Deux rapports principaux fournissent un résumé d’un grand nombre d’études. Il s’agit de Clark, Feiner et Viehs (2015) et Friede, Busch et Bassen (2015)2]. La plupart des études constatent une relation positive ou nulle entre les critères ESG et la performance financière des entreprises. Le dernier rapport sur la stabilité financière du FMI (2019) va dans le même sens.

De plus, beaucoup d’études trouvent même une corrélation positive. Toutefois, les investisseurs doivent être conscients qu’un portefeuille prenant en compte des critères ESG peut se comporter différemment de l’ensemble du marché à court terme. En effet, certains secteurs peuvent avoir une pondération plus faible (ou plus élevée) que le marché, ce qui peut expliquer des divergences de performance. Sur le long terme, l’impact sur la performance financière des entreprises est généralement positif. Les performances passées ne sont cependant pas un indicateur des performances futures.

Les critères ESG et la performance des entreprises

L’application de critères ESG à la sélection d’actifs financiers implique une restriction de l’univers d’investissement mondial. Il est donc important de comprendre quels mécanismes, dans un univers restreint, peuvent expliquer pourquoi le risque/rendement n’est pas affecté négativement. Clark, Feiner et Viehs (2015) ont souligné les effets positifs quant à la réduction du coût du capital et la performance opérationnelle. Étant donné que les stratégies utilisant des critères ESG obtiennent des rendements attendus similaires (ou meilleurs) sur le long terme, il est également important de se concentrer sur les risques.

Les critères ESG et la gestion des risques

L’intégration des critères ESG dans la stratégie et la culture d’entreprise peut entraîner une réduction des risques[3]. En effet, si les entreprises négligent les questions liées aux principes ESG, elles sont exposées à des risques plus élevés, tels que les accidents environnementaux, le risque de réputation lié aux conditions de travail ou à la discrimination de genre et les risques liés à la gouvernance d’entreprise, tels que la fraude, les systèmes de rémunération inadaptés et l’absence de contrôle des risques.

Certains risques sont qualifiés d’extrêmes et les plus courants sont les risques environnementaux et ceux liés aux émissions de carbone. Un récent rapport du FMI[4] souligne que les expositions aux risques environnementaux peuvent entraîner des pertes financières importantes pour les entreprises, et les changements climatiques peuvent avoir les mêmes effets pour les institutions financières, les détenteurs d’actifs et les entreprises.

En conclusion

L’intégration de critères ESG peut être une source d’optimisation du couple risque-rendement. En effet, la plupart des études trouvent une relation positive ou nulle entre les critères ESG et la performance financière des entreprises. En outre, l’intégration de critères ESG peut également être considérée comme un moyen de réduire le risque, en particulier le risque extrême.

[1] IMF Global Financial Stability Report «Lower for Longer», chapitre 6 «Sustainable Finance». Octobre 2019.

[2] Gunnar Friede, Timo Busch and Alexander Bassen (2015), «ESG and Financial Performance: aggregated evidence from more than 2,000 empirical studies», Journal of Sustainable Finance and Investment, 5:4, p210-233 et Clark, Feiner and Viehs (2015) «From the stockholder to the shareholder: How sustainability can drive financial performance», University of Oxford and Arabesque Partners.

[3] Clark, Feiner and Viehs (2015).

[4] IMF Global Financial Stability Report «Lower for Longer», chapitre 6 «Sustainable Finance». Octobre 2019.