Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. (Photo: archives Maison Moderne)

Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. (Photo: archives Maison Moderne)

Grâce à son importante place financière, Luxembourg a toujours été un hub pour les fintech. La crise sanitaire que nous traversons et la nécessité de trouver des solutions plus efficaces, plus sûres et moins chères devraient leur permettre de continuer à s’y développer.

Les fintech ont connu un développement considérable au Luxembourg au cours des dernières années. Et ce n’est pas surprenant. «Si ce secteur a pu décoller au Luxembourg, c’est parce que nous pouvons compter sur une industrie financière de taille relativement importante», explique Nicolas Mackel, CEO de Luxembourg for Finance. «Cette industrie sert en effet d’appât pour les start-up actives dans les fintech ou regtech. De nombreuses sociétés étrangères viennent ici, car elles savent que les technologies qu’elles développent pourront intéresser les acteurs financiers présents sur notre territoire.»

Les regtech en tête

Pour le CEO de Luxembourg for Finance, c’est surtout les start-up travaillant sur des solutions permettant aux entreprises de mieux faire face aux contraintes réglementaires qui ont le vent en poupe. «De nombreux acteurs recherchent des solutions par rapport à l’inflation réglementaire de ces dernières années, et les regtech peuvent les leur apporter. Mais d’autres types de fintech ont également du succès ici. C’est notamment le cas de toutes les technologies liées aux paiements.»

Ces petites structures présentes au Luxembourg devront sans doute composer, dans les années à venir, avec la concurrence d’acteurs majeurs qui se lancent dans ces solutions, et notamment les GAFA. «Mais les start-up, de par leur liberté et leur agilité, continueront à avoir un rôle à jouer sur la Place», estime Nicolas Mackel.

Covid-19, un accélérateur

Ce sera d’autant plus le cas suite à la crise que nous traversons. «Cet événement a clairement accéléré les choses, poursuit le CEO de Luxembourg for Finance. En une ou deux semaines, les seuils pour des paiements sans contact ont été doublés, passant de 25 à 50 euros. En temps normal, il aurait fallu des mois pour que cette décision soit prise. On a vu aussi se populariser l’utilisation de solutions de paiement par téléphone, comme Digicash ou Applepay. Je pense que l’intensification du télétravail va également demander la mise en place de solutions digitales, y compris pour les travailleurs des secteurs financiers. Celles-ci devront permettre de respecter la réglementation, de garantir une certaine sécurité, etc.».

Il y a un véritable enjeu de cybersécurité derrière cette augmentation des solutions technologiques permettant le travail à distance dans des domaines sensibles comme les secteurs bancaire et financier.
Nicolas Mackel

Nicolas MackelCEOLuxembourg for Finance

Évidemment, il y a un véritable enjeu de cybersécurité derrière cette augmentation des solutions technologiques permettant le travail à distance dans des domaines sensibles comme les secteurs bancaire et financier. «Il est clair que les cyber-criminels vont profiter de cette période d’incertitudes dans laquelle nous nous trouvons», prévient Nicolas Mackel. «Il est donc très important de prendre ce risque en compte et de tenter de le mitiger. Les fintech pourront également jouer un rôle à ce niveau.»

Un problème de «sex-appeal»

Les start-up actives dans la fintech ont donc encore de belles opportunités à saisir en s’installant au Luxembourg. Mais que peut-on faire pour les séduire? «Je crois qu’il faut être intelligent et ne pas chercher à transformer Luxembourg en capitale des start-up. Plusieurs éléments doivent en effet être réunis pour attirer ce type de sociétés: une clientèle, un environnement qui offre des possibilités de financement, et un cadre réglementaire attractif. Or, nous n’avons pas une grande latitude sur ces éléments, excepté peut-être sur le financement», indique Nicolas Mackel.

La réglementation encadrant ce secteur est en effet avant tout dessinée par l’Union européenne. Mettre au point certains éléments réglementaires au Luxembourg ne pourrait que s’appliquer au marché luxembourgeois, ce qui est beaucoup moins intéressant pour ces start-up. «Il faut plutôt offrir à ces start-up des infrastructures qui les aident réellement», suggère le CEO de Luxembourg for Finance. «Nous l’avons d’ailleurs déjà fait au Grand-Duché, avec le Technoport, la LHoFT, etc. Mais il ne faut pas croire que nous pourrons faire venir toutes les start-up fintech à Luxembourg grâce à ça. Le pays n’a pas le ‘sex-appeal’ d’autres places financières et le coût de la vie y est assez élevé. Il faut donc privilégier un développement intelligent de l’écosystème fintech, sans chercher à ratisser trop large.»