Pierre Gramegna va promouvoir activement le règlement SFDR auprès des professionnels de la finance. (Photo: Marion Dessard/Archives Maison Moderne)

Pierre Gramegna va promouvoir activement le règlement SFDR auprès des professionnels de la finance. (Photo: Marion Dessard/Archives Maison Moderne)

Invité pour ouvrir la deuxième journée de la conférence de l’Alfi, Pierre Gramegna a souligné la nécessité de positionner la Place sur le créneau de la finance durable.

Si l’on doit retenir une leçon de la pandémie,  (DP), ministre des Finances, met en avant la nécessité d’accélérer le développement de la finance durable. «La crise a été comme un test grandeur nature en matière de changement climatique. Le confinement a démontré que c’était bien l’activité humaine qui était responsable de la hausse des températures et rien d’autre. La question du changement climatique est encore là pour longtemps et c’est un challenge que nous devons relever.»

Et pour le ministre, l’industrie des fonds d’investissement a un rôle à jouer sur la question. «Les fonds d’investissement sont une solution pour attirer les capitaux et veiller à ce qu’ils soient bien orientés là où ils sont nécessaires et utiles.»

Promouvoir des normes communes

Et de rappeler que 80% des actifs en finance durable sont basés en Europe. «L’euro est la monnaie de référence sur ce marché, loin devant le dollar.» Comment capitaliser là-dessus pour accélérer le mouvement vers des politiques de placement responsable et positionner le Luxembourg?

Le Luxembourg est déjà à la pointe sur le sujet. Grâce à la Bourse de Luxembourg, qui revendique une part de marché de 50% dans l’émission et la cotation d’obligations vertes. Mais Pierre Gramegna veut aller plus loin.

D’abord en contribuant à l’élaboration d’une définition de ce qu’est la finance durable et qui soit admise par tous. Ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui. Pour le ministre, il faut pousser pour que le règlement européen 2019/2088 relatif à la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers devienne une norme internationalement reconnue. À l’instar de ce qui s’est passé pour la norme Ucits, qui de règlement est devenue une véritable marque commerciale sur laquelle l’industrie des fonds luxembourgeois a bâti sa réussite.

Pour rappel, ce règlement, mieux connu sous le nom de SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation), impose aux professionnels de la finance des règles en matière d’intégration des risques de durabilité dans leurs processus d’investissement et de conseil. Dans le but d’orienter les flux d’investissement vers des placements véritablement durables, tout en empêchant le greenwashing.

Incitatifs fiscaux

Pierre Gramegna s’est engagé à promouvoir ce règlement activement. Il entend également agir localement.

Dans son projet de budget 2021, le gouvernement a prévu de réduire la taxe d’abonnement pour les fonds d’investissement qui ont une politique verte volontariste. Dans le détail, la taxe qui est de 0,05% sur la base de la totalité des avoirs nets évalués au dernier jour de chaque trimestre passera à 0,04% si plus de 5% des actifs sont investis dans des actifs durables; à 0,03% si l’on passe la barre des 20%; à 0,02% si l’on passe la barre des 35%; puis à 0,01% si l’on passe la barre des 50%.

La progressivité, c’est la stratégie du ministre pour arriver à une adoption plus large de la finance durable. Pour lui, le basculement ne peut se faire en un jour. «C’est en donnant des incitations que les acteurs de la finance seront encouragés à changer, encouragerons leurs clients à faire de même pour, au final, réduire l’impact des actifs non durables.»