Rencontre avec Alexa Ballmann, qui déborde de projets pour Jonk Handwierk.  (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Rencontre avec Alexa Ballmann, qui déborde de projets pour Jonk Handwierk.  (Photo: Patricia Pitsch / Maison Moderne)

Fraîchement élue à la tête de Jonk Handwierk, Alexa Ballmann livre ses projets et ambitions pour ces deux années de présidence. La jeune esthéticienne souhaite changer les mentalités et redorer l’image des métiers manuels. 

Depuis toute jeune, Alexa Ballmann, 34 ans, sait qu’elle exercera un métier de l’artisanat. Passionnée par l’esthétique, elle envisage dès l’adolescence de s’engager dans sa passion.

Mais la perception négative des métiers manuels pousse ses parents à la convaincre de rester dans l’enseignement «classique».

Elle entamera donc son apprentissage à 19 ans pour rassurer sa famille. Une situation qu’elle souhaite éviter à la génération suivante. Redorer le blason de l’artisanat, c’est la mission que s’est imposée  «Je veux changer les mentalités sur l’artisanat. C’est un secteur magnifique, qu’il faut encourager», estime-t-elle.

Une gageure pour la jeune femme à la tête de deux salons d’esthétique, à Niederanven et Oetrange. Malgré une charge de travail conséquente, elle souhaite s’investir pour les jeunes et rendre ainsi l’aide qu’elle a reçue lorsqu’elle s’est lancée comme indépendante.

Alexa Ballmann dispose de deux salons d’esthétique au Luxembourg. (Photo: Ballmann)

Alexa Ballmann dispose de deux salons d’esthétique au Luxembourg. (Photo: Ballmann)

Le gouvernement sollicité

Pour cela, Alexa Ballmann souhaite que le gouvernement entende les jeunes entrepreneurs et leurs difficultés. «Il faut augmenter le niveau des études dans l’artisanat ou intégrer la matière dans un cursus plus classique. On a proposé différentes solutions au ministre des Classes moyennes, . Il a été très attentif, nous attendons maintenant son retour.»

Après huit ans au sein de JHL, en tant que membre, puis vice-présidente, Alexa sait exactement ce qu’elle souhaite mettre en place en tant que présidente.

«Ma première priorité, c’est le recrutement des jeunes indépendants dans l’artisanat. Souvent, les jeunes qui nous trouvent, c’est par le bouche à oreille, alors que la plate-forme est très importante pour eux. Elle m’a apporté un soutien incroyable à mes débuts. JHL offre des conseils précieux, que ce soit au niveau de l’administratif, de la digitalisation ou du management.»

La digitalisation au c œ ur de l’artisanat

D’autant que le secteur de l’artisanat évolue constamment et ne ressemble en rien à ce qu’ont connu les générations précédentes.

«On a la chance d’avoir pu accéder à de nombreuses conférences sur la digitalisation ces deux dernières années, grâce à la Fédération des artisans ou à la Chambre des métiers. Mais une fois les responsables formés, le plus gros challenge reste de former les équipes. Pourtant, la digitalisation est essentielle et très utilisée dans nos métiers, que ce soit pour la gestion des stocks, les commandes, les fiches clients ou l’organisation de l’entreprise.»

Les jeunes ont des solutions, il faut juste les écouter.
Alexa Ballmann

Alexa BallmannprésidenteJonk Handwierk

Autant de technologies qui ne sont pourtant pas enseignées lors des apprentissages. «Le niveau de l’artisanat a augmenté, et on peine à recruter pour maintenir une qualité de service élevée. Il y a beaucoup de campagnes pour inciter les jeunes à se lancer en tant qu’indépendants. Mais une fois lancés, il n’y a pas assez de soutien de la part des politiques. Ils décident trop de choses sans nous parler avant. Les jeunes ont des solutions, il faut juste les écouter», argue-t-elle.

Plus de femmes dans le secteur

Première femme à la tête de l’organisation, Alexa Ballmann espère inspirer d’autres entrepreneuses à rejoindre Jonk Handwierk et à s’investir dans le secteur. «Avant, j’étais la seule femme dans le comité. Aujourd’hui, nous sommes deux, mais j’espère en recruter d’autres. Même si, dans l’artisanat, il y a une grande part prise par les métiers de la construction, ça ne m’empêche pas de m’y intéresser. D’autant que les problématiques entrepreneuriales restent les mêmes, quel que soit le secteur», nuance-t-elle.

Enfin, la chef d’entreprise souhaite développer les coopérations entre fédérations au niveau national, mais aussi international. «On a fait connaissance avec le JHL de Trèves lors d’une conférence européenne. On en cherche d’autres pour développer les échanges intersecteurs.»