Arnaud Jacquemin, CEO de Société Générale. (Photo: Olivier Minaire)

Arnaud Jacquemin, CEO de Société Générale. (Photo: Olivier Minaire)

Dans le cadre du 10×6 Luxembourg: Financial centre 2030, organisé par le Paperjam + Delano Club le mardi 25 janvier, Arnaud Jacquemin, CEO de Société Générale (Luxembourg), partage sa perspective d’avenir pour la place financière.

La place financière est l’une des forces centrales du Grand-Duché. Comment se porte-t-elle aujourd’hui?

– «La Place est un atout considérable pour le Grand-Duché, en effet, et son poids dans l’économie du pays est et reste tout à fait exceptionnel, près du tiers du PIB. La Place a su effectuer une mutation à la fois profonde et rapide pendant la décennie précédente, par exemple en appliquant l’échange automatique d’information avec les différentes administrations fiscales et en alignant ses standards sur ceux des meilleurs pays européens – ceci tout en conservant ce qui a toujours fait sa force: une capacité à tirer pleinement parti d’un cadre juridique très protecteur pour l’investisseur, une capacité à proposer au législateur des évolutions et innovations permettant aux acteurs de la Place de répondre aux nouveaux besoins de leurs clients, une proximité et une rapidité dans les prises de décision. Ce sont, de mon point de vue, ces facteurs qui continuent à nourrir le dynamisme de la Place et expliquent sa grande résilience, même dans une crise aussi exceptionnelle que celle de 2020. 

Le développement de la blockchain, des cryptomonnaies, des NFT… Menaces ou opportunités pour la Place?

«Je suis attaché par-dessus tout à la confiance qu’une banque se doit d’apporter à ses clients. C’est une grande responsabilité pour moi en tant que banquier, et c’est cela qui explique ma prudence concernant le développement de ce qu’il est convenu d’appeler les cryptomonnaies, par exemple. En revanche, la technologie sous-jacente, la fameuse blockchain ou “distributed ledger technology”, est une révolution qui ouvre beaucoup de perspectives dans des domaines d’usages très variés. On peut par exemple penser que cette technologie pourrait progressivement être utilisée en complément des infrastructures de marché traditionnelles telles qu’elles ont été développées depuis des décennies. Je vois donc cette technologie, qui évolue d’ailleurs elle aussi, comme une réelle opportunité à long terme pour la Place. Nous y travaillons avec certains acteurs.   

À quoi pourrait ressembler la place financière luxembourgeoise d’ici 2030?

«Une Place toujours aussi ouverte et dynamique. Une Place intégrant nativement les dimensions environnementale et sociale dans les solutions de financement et d’investissement qu’elle apporte aux clients qu’elle sert, parce que cela sera devenu un gage incontournable de qualité et de compétitivité. Et une Place qui aura accéléré sa mutation technologique, pour mieux servir les besoins “commoditisables” de ses clients.»