Pictet salue le rôle de plus en plus important joué par la finance privée dans les investissements environnementaux à l’issue de la COP26. (Photo: Shutterstock)

Pictet salue le rôle de plus en plus important joué par la finance privée dans les investissements environnementaux à l’issue de la COP26. (Photo: Shutterstock)

Dans le cadre de ses investissements thématiques liés à l’environnement, constate une tendance positive sur les valeurs des sociétés actives dans l’efficacité énergétique et la gestion des déchets. A contrario, le gestionnaire d’actifs a réduit ses positions sur les énergies renouvelables et l’économie dématérialisée.

Existant depuis 2014, le fonds d’investissement Global Environment Opportunities (GEO), domicilié à Luxembourg, fait partie des fonds thématiques propulsés par le gestionnaire d’actifs Pictet. Ce fonds d’investissement, spécialisé dans les valeurs vertes, a vécu des performances en demi-teintes au cours de l’année 2021.

Bien que son gérant, Gabriel Micheli, indique que GEO «a une surperformance de 5% chaque année» et que «2019 et 2020 ont été particulièrement positives», il explique que 2021 a débuté d’une tout autre manière. Avec les hausses des taux d’intérêt et les craintes de l’inflation, «on a vu un repositionnement de beaucoup de portefeuilles sur le marché vers les titres qui étaient moins chers» au cours des deux premiers trimestres.

Gabriel Micheli souligne qu’il n’est pas tant important d’avoir des taux d’intérêt qui baissent, mais bien des taux d’intérêt stables, pour obtenir une performance positive. Également, «si les taux montent progressivement et par palier, cela n’a pas beaucoup d’impact pour nous».

Nous obtenons des scores assez précis pour chaque entreprise en utilisant une analyse de cycle de vie complète.
Gabriel Micheli

Gabriel MicheligérantPictet – Global Environment Opportunities (GEO)

Investir dans des valeurs vertes requiert une stratégie d’investissement adéquate à ce type d’actifs. C’est pourquoi Pictet a construit la sienne sur la compréhension de quelles entreprises ont un impact environnemental positif selon une série de dimensions analysées. «C’est quelque chose que nous sommes capables de calculer», précise le gérant du fonds GEO, qui ajoute: «Nous obtenons des scores assez précis pour chaque entreprise en utilisant une analyse de cycle de vie complète.» Il insiste sur le fait qu’il n’est pas intéressant de «savoir quelles entreprises disent qu’elles font quelque chose pour l’environnement, mais bien de savoir lesquelles ont un impact positif».

Les bons points de l’efficacité énergétique

Sur base de cette méthode d’analyse, GEO concentre son portefeuille autour de 50 valeurs boursières de sociétés actives dans divers secteurs environnementaux. Parmi ceux-ci, c’est le segment de l’efficacité énergétique qui a le mieux performé en 2021. Ce segment a gagné en exposition, notamment en raison d’une recherche en efficacité environnementale des bâtiments et de l’e-mobilité.

Gabriel Micheli alerte toutefois sur l’avenir à court terme de ce segment à cause des problèmes connus sur les chaînes d’approvisionnement des microprocesseurs. Les incitants qui ont permis au segment de l’efficacité énergétique de performer risqueraient donc bien de se transformer en facteurs de risque pour celui-ci: «Suite à la digitalisation, on retrouve de plus en plus de voitures électriques, et les chaînes de valeur sont en train de se multiplier dans le monde.» Et bien sûr, cela ne serait rien s’il ne fallait pas encore rappeler que ce développement se déroule dans un contexte de tensions entre les États-Unis et la Chine.

Suite à la digitalisation, on retrouve de plus en plus de voitures électriques, et les chaînes de valeur sont en train de se multiplier dans le monde.
Gabriel Micheli

Gabriel MicheligérantPictet – Global Environment Opportunities (GEO)

Ceci étant, le gérant de GEO se montre confiant pour ce segment en 2022 en raison d’un cycle de demande robuste des semi-conducteurs, justement tiré par l’électrification automobile et les solutions d’automatisation industrielle. Il rappelle qu’il existe également une demande soutenue, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis, pour l’automatisation et la construction de bâtiments intelligents. Sur ces perspectives, GEO a donc décidé d’élargir son portefeuille d’actions dans ce segment.

Tempête sur le segment des énergies renouvelables

A contrario, le vent n’est pas aussi favorable pour le secteur des énergies renouvelables, à en croire Gabriel Micheli. Le fonds GEO a d’ailleurs réduit son exposition sur les valeurs liées à l’énergie éolienne et solaire. Alors que les valeurs de ce secteur représentaient 14% du portefeuille d’actifs du fonds en décembre 2020, il n’en restait plus que 3% à la fin de 2021.

Gabriel Micheli explique le choix de Pictet de revoir leur copie sur les énergies renouvelables en raison «des hausses de coûts», d’une part, et «des valorisations élevées en fin d’année», d’autre part. Les ruptures des chaînes d’approvisionnement de composants électroniques et l’augmentation du prix des matières premières ont ainsi fait payer un lourd tribut à cette classe d’actifs.

En ce début d’année 2022, Pictet corrige le tir également sur sa stratégie d’investissement dans les actifs du segment de l’économie dématérialisée. Principalement marqué par l’industrie du logiciel, le gestionnaire de fonds a revendu ses actifs liés à la connectivité à distance. Les entreprises de logiciels «n’ont pas répondu aux attentes», note Gabriel Micheli, rajoutant qu’avec la crise du Covid, «il faut créer des produits plus efficients» pour permettre aux travailleurs de collaborer plus facilement dans un environnement professionnel dématérialisé. Par conséquent, Pictet a légèrement réduit la voilure sur ces actifs, tout en gardant un regard attentif aux différentes attentes quant à l’accélération de la numérisation de l’économie et au développement de l’internet des objets.

Les perspectives mitigées de la COP26

Normalement stimulés par les décisions prises sur la scène politique internationale, les investissements environnementaux n’ont pas bénéficié d’un stimulus particulier à l’issue de la COP26. Bien que le texte de l’accord de la dernière COP appelle explicitement à l’élimination progressive des combustibles fossiles et à supprimer leurs subventions, Pictet déplore que le texte de l’accord relatif à l’utilisation du charbon «ait été édulcoré à la dernière minute par rapport à la version originale».

Même constat pour Pictet en matière de réduction de méthane dans l’atmosphère. Plus d’une centaine de pays représentant 70% de l’économie mondiale se sont engagés à réduire de 30% les émissions globales de méthane d’ici 2030, sans pour autant que les principaux pays émetteurs ne rejoignent cet engagement.

Pictet entrevoit finalement une perspective positive suite à l’engagement de 138 pays, représentant ensemble 91% de la superficie forestière du globe, à stopper et inverser la perte et la dégradation des forêts d’ici 2030. De ce fait, Pictet relève que «les discussions autour de l’investissement basé sur la nature continuent de croître». À cet égard, Pictet salue également le rôle de plus en plus important joué par la finance privée, notamment avec l’initiative Glasgow Financial Alliance for Net Zero, qui regroupe des acteurs de la finance mondiale en vue de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C.