Sam Tanson: «Permettre plus certaines choses aidera sans doute à faire baisser la pression sur le marché locatif.» (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Sam Tanson: «Permettre plus certaines choses aidera sans doute à faire baisser la pression sur le marché locatif.» (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

La ministre du Logement et de la Culture, Sam Tanson (Déi Gréng), était l’invitée de Paperjam pour son petit-déjeuner de la rédaction. Pacte logement, révision de la loi de 1979, protection du patrimoine, création d’un «art council»... Ses priorités sont nombreuses.

Il n’a fallu guère de temps à (Déi Gréng) pour prendre ses marques au sein du ministère du Logement, un de ses deux ressorts. Un défi de taille. Certains auraient sans doute refusé d’en assumer la responsabilité, car la matière est aussi complexe que sensible dans un pays où se loger coûte de plus en plus cher, où les besoins sont de plus importants, où la spéculation foncière est un vrai handicap. Mais pas elle.

On fait de la politique pour demain, pas pour aujourd’hui.

Sam Tansonministre du Logement

«Il n’y a pas de ministère ingrat. Moi, je considère cela avant tout comme un honneur. Le logement est une matière qui m’intéresse. Je trouve que c’est bien d’avoir sous sa responsabilité un domaine dans lequel il y a des choses à faire. Même si c’est peut-être un peu frustrant pour quelqu’un comme moi de savoir que tout demande du temps, que je verrai sans doute peu de résultats avant la fin du mandat. Mais on fait de la politique pour demain, pas pour aujourd’hui, en essayant de poser les bons jalons pour les années à venir», concède la ministre.

Sam Tanson a la volonté d’être efficace. Et a défini deux grandes priorités dans le domaine législatif. Tout d’abord, la réforme de la loi de 1979, «qui est la loi-cadre qui règle les aides individuelles, mais aussi celles aux associations qui construisent, aux communes, à ceux qui font de la gestion locative sociale. Mais ce texte a 40 ans et les besoins n’étaient pas les mêmes», explique Sam Tanson. Des groupes de travail sont donc à pied d’œuvre au sein du ministère pour «une remise à plat totale».

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 (Photo: Jan Hanrion/Maison Moderne)

Un Pacte logement inspiré du Pacte climat

Ensuite, le Pacte logement, qui fixe la collaboration État-commune et qui date aussi. Il permettait aux communes d’avoir un financement régulier en fonction des résidents. On voit où est le problème: on tenait compte du nombre de personnes et pas du nombre de logements créés.»

Des réflexions vont donc être menées «via des groupes régionaux, cela avant l’été, pour dire où on en est.» L’idée du ministère est de s’inspirer du Pacte climat, avec un nouveau système de bonification octroyé aux communes qui construisent en fonction de certains critères.

«Par exemple, une commune qui a un conseiller logement aurait autant de points en plus et plus d’aides, une autre qui favorise le mélange intergénérationnel dans le logement aurait autant de points en plus... On est en train d’élaborer un catalogue de critères à présenter aux communes et qui le sera ensuite aux députés, à l’automne.»

La carotte et le bâton

La ministre plaide évidemment pour un dialogue constructif entre tous les intervenants: propriétaires de terrain, promoteurs, communes, ministère, organismes publics... Quelle sera la méthode de Sam Tanson? Usera-t-elle plus de la carotte que du bâton? «Il faut les deux, selon moi», développe-t-elle. «Le bâton est souvent fiscal. La carotte, ce seront des alternatives comme louer sur le long terme des terrains à des propriétaires qui ne veulent pas vendre et y installer des structures temporaires. Il y a de bons exemples de cela à l’étranger.»

La ministre n’a plus non plus de tabou en ce qui concerne la construction en hauteur «là où cela a du sens, par exemple, près des gares», les espaces de logement plus petits intéressent les jeunes, «alors que beaucoup de règlements communaux imposent des surfaces minimales de construction», ou la densification de l’habitat. Cela dans un contexte d’aménagement du territoire avec trois pôles majeurs que sont Luxembourg, Esch/Belval et la Nordstad, structurés via une mobilité réfléchie.

La démarche que la ministre veut participative doit-elle dès lors être plus grande et donner plus d’autonomie aux communes? «Il n’y a pas de volonté d’aller dans ce sens», répond Sam Tanson. «Cette autonomie est de toute façon du ressort de la ministre de l’Intérieur. Ce qu’on veut, c’est inciter des initiatives utiles pour le logement. Par exemple, proposer de créer un étage de plus en liant cela à des conditions comme la colocation de cette partie. On doit en tout cas imaginer de nouvelles formes de logements. Permettre plus certaines choses aidera sans doute à faire baisser la pression sur le marché locatif.»

Un fonds d’acquisition propre au ministère?

Pour Sam Tanson, l’État doit également disposer de plus de terrains. Tout en veillant à ne pas faire augmenter les prix du marché.

«L’achat se fait actuellement via le comité d’acquisition qui dépend du ministère des Finances et qui fixe le montant. Ce qui doit éviter une inflation des prix. Une des questions de l’acte de coalition est de savoir si le ministère du Logement a besoin ou pas de son fonds propre pour acheter. On est donc en train de voir si on continue via le comité d’acquisition, mais plus selon nos besoins spécifiques, ou si on développe notre fonds attaché au ministère du Logement», détaille la ministre. L’avantage pour les vendeurs de faire affaire avec l’État est réel puisque la plus-value sur la vente est non imposée.

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Et si la ministre du Logement n’a pas encore déposé de texte à la Chambre, le projet de loi sur la protection du patrimoine arrivera, pour sa part, avant l’été. «Du travail avait été fait, mais on a retravaillé le texte. Il y avait encore des discussions à avoir avec le ministère de l’Intérieur. J’avais aussi une approche sans doute différente de certains points, ce qu’il a fallu voir avec nos juristes. Je dois encore discuter avec le Syvicol, d’autant qu’on veut une différence plus grande entre protection communale et protection nationale», dit Sam Tanson.

Plan culturel et art council

Dans le domaine de la culture, vivace à Luxembourg, un travail important est aussi à mener. «Outre la loi sur la protection du patrimoine, on travaille actuellement sur le plan de développement culturel», explique Sam Tanson.

«Puis, il y a aussi le art council, à qui il faudra trouver un autre nom, qui devra regrouper dans une seule structure toutes les missions de subventionnement et l’aide à l’exportation pour les artistes.» Le travail est en cours, et le comité de pilotage se réunira une première fois fin de ce mois, puis de manière régulière ensuite. Avec, espère la ministre, une issue «bientôt, mais je suis réaliste. Ce serait bien si pour la fin de cette année, on savait comment mettre cet art council en place.»