Francesca Messini livre sa vision des relations d'affaires entre le Luxembourg et la Chine. (Photo: Deloitte)

Francesca Messini livre sa vision des relations d'affaires entre le Luxembourg et la Chine. (Photo: Deloitte)

Après la tenue du China Finance Forum le 8 octobre, Francesca Messini (Deloitte) estime que les opportunités seront de plus en plus nombreuses pour le secteur financier en Chine, mais que le pays pourrait faire mieux en matière d’accueil des start-up chinoises.

Après quatre éditions du Renminbi Forum, le premier China Finance Forum était organisé par Luxembourg for Finance mardi 8 octobre. Francesca Messini, directrice Advisory & Consulting chez Deloitte Luxembourg, dresse à cette occasion un bilan des relations d’affaires entre le Luxembourg et la Chine.

Quel est aujourd’hui l’état des relations d’affaires entre le Luxembourg et la Chine?

Francesca Messini. – «Les relations actuelles entre le Luxembourg et la Chine sont très positives. Et des liens très forts et de confiance se sont construits entre les deux pays.

De nouvelles banques continuent à venir s’implanter au Grand-Duché, mais également des acteurs des fintech comme Paypal et Alipay, qui sont attirés par la stabilité politique et fiscale du pays. Par ailleurs, le , qui vont en mission en Chine deux fois par an, ce qui n’est pas forcément le cas des fédérations des autres pays européens, joue également un rôle important.

La signature du mémorandum ‘Belt and Road’ en mars 2019 a également officialisé la participation du Luxembourg à l’initiative chinoise. Des événements comme la quatrième assemblée générale de la  envoient aussi un message fort et il est vraiment étonnant de voir la manière dont le Luxembourg a pu rassembler tous ces acteurs!

Il existe encore peu de développement de business hors du secteur financier.
Francesca Messini

Francesca Messinidirectrice Advisory & ConsultingDeloitte Luxembourg

Quels secteurs d’activité peuvent encore développer davantage d’échanges avec la Chine?

«Concernant le secteur financier, il y a encore des opportunités de développement. C’est par exemple le cas de la gestion d’actifs. En effet, les banques chinoises présentes ici sont focalisées sur le ‘corporate banking’, et peu font de la gestion d’actifs.

Mais il existe encore peu de développement de business hors du secteur financier. D’ailleurs, les cibles des cabinets de fusions-acquisitions chinois au Luxembourg sont principalement des banques.

Quelles problématiques rencontre le secteur financier dans ses échanges avec la Chine?

«Il n’y a pas beaucoup d’obstacles. Il faut toujours trouver le bon compromis pour finaliser des négociations.

Après, en Europe, il existe des cadres réglementaires auxquels les banques chinoises ont parfois des difficultés à s’adapter au début.

Les acteurs européens vont, quant à eux, avoir de plus en plus d’opportunités à saisir en Chine, du fait de la levée des restrictions sur les quotas d’investissement pour les investisseurs institutionnels étrangers qualifiés (QFII) et pour les investisseurs institutionnels étrangers qualifiés en renminbi (RQFII).

Quels sont aujourd’hui les opportunités et les risques rencontrés par les acteurs financiers luxembourgeois en Chine?

«Les risques principaux consistent dans les différences culturelles.

Après, les difficultés concernent plutôt les acteurs de taille moyenne. En effet, pour gagner en crédibilité et en légitimité en Chine, cela demande du temps et une bonne connexion avec les futurs partenaires, même si les autorités locales sont beaucoup plus ouvertes et flexibles qu’avant pour les investisseurs étrangers.

Il faudrait notamment mettre en place une ‘sandbox’ réglementaire, qui permettrait aux fintech chinoises de se tester avant de s’installer définitivement.
Francesca Messini

Francesca Messini directrice Advisory & ConsultingDeloitte Luxembourg

À quoi les fintech luxembourgeoises doivent-elles faire attention avant de se lancer dans des contacts avec la Chine?

«La Chine, et Hong Kong en particulier, mais aussi Singapour, sont un énorme terrain de jeu pour les fintech, mais la compétition est rude. Et il faut être prudent quant à ce que peuvent attendre les autorités locales d’une fintech.

À l’inverse, quelques acteurs chinois sont déjà implantés au Luxembourg. Mais nous pourrions en accueillir encore davantage, car beaucoup de fintech chinoises regardent vers le Grand-Duché pour en faire leur implantation européenne.

Pour cela, il faudrait notamment mettre en place une ‘sandbox’ réglementaire, qui permettrait aux fintech chinoises de se tester avant de s’installer définitivement.

Quelles sont les questions récurrentes des banques chinoises qui veulent s’installer au Luxembourg?

«Combien de temps est-ce que cela va prendre? Voilà la question qui revient le plus. Quand un acteur chinois vient ici, il veut commencer son activité tout de suite.

Beaucoup de questions reviennent également concernant des problèmes concrets liés à la vie quotidienne de l’entreprise: Comment fonctionnent les échanges intra-européens? Quelles langues doit-on utiliser? Comment obtenir un passeport européen pour l’exportation de ses services financiers?

D’une manière générale, les spécificités locales comptent moins que les pratiques européennes.»