Sven Clement voudrait un système d’inscriptions volontaires pour l’octroi des doses de vaccin restantes. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Sven Clement voudrait un système d’inscriptions volontaires pour l’octroi des doses de vaccin restantes. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne)

Le député Sven Clement (Piratepartei) regrette une campagne de vaccination lente, conséquence d’une trop grande prudence.

Que pensez-vous de l’organisation de la campagne de vaccination?

– «C’est le chaos total. Mais si vous confiez la responsa­bilité d’une campagne de vaccination à des juristes, il faut s’attendre à une campagne de juristes, et pas à une campagne de santé publique…

Qu’entendez-vous par là?

«La ministre de la Santé, (LSAP), est une juriste, tout comme le directeur du Haut-Commissariat à la protection nationale (HCPN), Luc Feller…

Quelles en sont les conséquences?

«Une tendance à être trop prudent. Nous avons gardé trop de stocks de vaccins et, ainsi, nous n’avons ni invité à vacciner ni vacciné assez rapidement. Nous sommes avant-derniers quant au taux de vaccins administrés…

L’arrêt des injections du vaccin Astra­Zeneca vous a-t-il aussi semblé trop prudent?

«C’est une décision politique, et une mauvaise décision. L’Agence européenne des médicaments estime elle-même qu’il n’y a pas de problèmes substantiels (elle l’a confirmé « sûr et efficace » le 18 mars, ndlr).

Que redoutez-vous?

«Pour un petit gain politique, on détruit la con­fiance que l’on accorde aux vaccins. Comment expliquer aux gens déjà méfiants qu’on arrête, et puis qu’on recommence? On a un vaccin qui fonctionne même contre les mutations, et on augmente les inquiétudes à son égard…

Quelle aurait été la bonne réaction?

«Laisser ouvertes les vaccinations avec AstraZeneca pour les volontaires… Je déplore d’ailleurs le fait qu’il n’y ait pas de système d’inscriptions volontaires pour l’octroi des doses restantes. Actuellement, le coordinateur du centre de vaccination doit lui-même contacter des personnes, et donc opérer un tri manuel.

Que proposez-vous comme approche?

«D’avoir un système informatisé, où les gens qui le souhaitent peuvent s’inscrire pour l’octroi volontaire d’une dose. Qu’on ait au moins un système neutre et transparent dans ce cadre.

Vous avez saisi la justice pour la vaccination de membres du conseil d’administration des Hôpitaux Robert Schuman (HRS). Est-ce un défaut de transparence, selon vous?

«C’est incroyable, c’est dingue! On négocie des phases de vaccination, et puis des friqués se mettent au premier plan. Comment expliquer aux gens que l’accès au vaccin est réservé aux personnes qui en ont besoin, alors que certains qui n’en ont pas besoin se servent quand même?

De quoi cette polémique est-elle le symptôme?

«Ce self-service vaccinal est le symptôme d’une culture dangereuse au sein des HRS, d’une idéologie purement privatisée.

Les députés du Piratepartei se sont opposés aux lois Covid. Pourquoi?

«À cause du couvre-feu. Si les bars et les restaurants étaient ouverts, une telle mesure pourrait se discuter. Mais il ne sert aujourd’hui qu’au contrôle policier d’autres mesures.

Lesquelles?

«Le couvre-feu est là pour contrôler la limitation du nombre de personnes à domicile. Ce qui creuse les inégalités, car seuls ceux qui ont une grande maison peuvent permettre à des invités de rester chez eux. Ce n’est pas le cas quand on vit dans un studio…

Le nombre de personnes à domicile ne devrait pas être limité?

«L’État réglemente le domaine le plus privé, mais pas là où c’est le plus réalisable, comme dans les écoles ou les entreprises.

Il juge que le risque le plus important est autour d’une table dans les restaurants ou à domicile…

«Le risque serait à table, mais les cantines scolaires restent ouvertes – comment expliquer cette hypocrisie?

Une parfaite cohérence réglementaire n’est-elle pas inatteignable?

«Après un an de pandémie, n’aurait-on pas pu mitiger ces incohérences? Une loi se doit d’être cohérente et compréhensible. Il faudrait au moins légiférer avec plus de sensibilité. En ne comptant pas les enfants en dessous d’un certain âge, par exemple…»

Cet article a été rédigé pour l’ qui est paru le 25 mars 2021.

Le contenu du magazine est produit en exclusivité pour le magazine, il est publié sur le site pour contribuer aux archives complètes de Paperjam.

Votre entreprise est membre du Paperjam Club? Vous pouvez demander un abonnement à votre nom. Dites-le-nous via