Sven Clement, député du Piratepartei, s’est insurgé contre la vaccination précoce de trois membres du conseil d’administration des Hôpitaux Robert Schuman. (Photo: Jan Hanrion / archives Maison Moderne)

Sven Clement, député du Piratepartei, s’est insurgé contre la vaccination précoce de trois membres du conseil d’administration des Hôpitaux Robert Schuman. (Photo: Jan Hanrion / archives Maison Moderne)

La polémique continue de gonfler autour de la vaccination précoce de trois membres du conseil d’administration des Hôpitaux Robert Schuman (HRS). Le député Sven Clement n’a d’ailleurs pas mâché ses mots.

Cette fois, c’est le député du Piratepartei, , qui est monté au créneau et a émis des doutes sur la justification des Hôpitaux Robert Schuman quant à la question de la vaccination de trois membres de son conseil d’administration. Pour rappel, la semaine dernière, la radio 100,7 s’est interrogée sur la nécessité d’avoir vacciné , président du conseil d’administration et ancien ministre CSV, , vice-président, et , vice-président, le 15 janvier dernier.

Avant donc le planning de vaccination établi par le ministère de la Santé, et établi selon plusieurs critères.

Assurer un plan de continuité

La communication des , explique que l’hôpital avait identifié 3.200 personnes à vacciner afin de sécuriser les Hôpitaux Robert Schuman, dont les trois membres du conseil d’administration en question, afin d’assurer la continuité de l’activité des structures. Toujours selon la communication des HRS, ces trois membres du CA sont régulièrement à l’hôpital dans le cadre de leur fonction.

Une défense qui peine à convaincre, car les autres hôpitaux du pays n’ont pas procédé de la même façon et n’ont pas fait vacciner les membres de leur conseil d’administration.

 «Il y a un énorme problème de gouvernance et de contrôle de la stratégie vaccinale. Je pense que le ministère a donné trop de liberté aux hôpitaux, qui finalement ont pu faire ce qu’ils voulaient. En écoutant le Premier ministre  (DP) à la Chambre des députés la semaine dernière, on a appris que les hôpitaux étaient encore en possession de 1.600 doses. Des réserves qui ne sont pas encore utilisées. Je me pose donc des questions sur l’efficacité de laisser les mains libres aux hôpitaux sur le sujet. Plus encore quand j’entends qu’un hôpital a vacciné le bureau de son conseil d’administration avec des arguments très très faibles, que j’ai vraiment du mal à accepter», a pesté Sven Clement.

Je peux comprendre le point de vue de Madame la ministre.
Sven Clement

Sven ClementdéputéPiratepartei

De son côté, (LSAP), la ministre de la Santé, a réagi à l’affaire qu’elle considère «close». «Dans la convention du ministère avec les hôpitaux, les catégories de personnes à vacciner prioritairement dans les hôpitaux sont définies comme suit: les salariés des établissements hospitaliers quel que soit leur statut, tout professionnel de santé lié contractuellement aux hôpitaux, le personnel des sous-traitants intervenant dans les hôpitaux ainsi que les professionnels en voie de formation», indique le ministère de la Santé, avant de souligner que «le conseil d’administration des HRS l’a interprété de manière différente. Il s’agit d’un nombre très restreint de personnes et cela n’impacte pas la campagne de vaccination.»

«Je peux comprendre le point de vue de Madame la ministre. Elle doit s’occuper d’organiser la vaccination de plus de 600.000 personnes. Et maintenant, on lui demande de s’occuper de six doses utilisées, d’après moi frauduleusement, par des membres du CA des HRS. De plus, elle n’a aucun moyen de les sanctionner. Je comprends donc que ce n’est pas à la ministre de s’occuper de trois personnes d’un conseil d’administration d’un hôpital. C’est davantage une responsabilité personnelle d’assumer cela, au moins moralement», appuie Sven Clement.

Difficile de savoir clairement si une faute a été commise sciemment ou si les textes ont mangé une zone «grise», via leur possible interprétation. Sollicitée par Paperjam, la Commission nationale d’éthique (CNE) n’a pas souhaité se positionner, seule une saisine du gouvernement ou une auto-saisine le lui permettant: «Nous ne commenterons donc pas le cas auquel vous faites référence.»

Toute personne avec un cœur peut se poser la question de l’éthique.
Sven Clement

Sven ClementdéputéPiratepartei

«Toute personne avec un cœur peut se poser la question de l’éthique. Et pour moi, la réponse est claire. Ce qui s’est passé est peut-être légal, mais c’est moralement inacceptable. On ne peut pas vacciner des personnes qui peuvent télétravailler pendant qu’une femme de ménage qui s’occupe de nettoyer les surfaces à l’hôpital ne l’est pas, car elle n’est pas en contact avec les patients», s’insurge Sven Clement.

«Je pense que c’est le directeur général des HRS, le , qui a mis ces trois personnes sur la liste en voulant être favorable à ses chefs. Dans l’approche de leur rôle, de leur importance relative, les concernés se voient comme des personnes très importantes pour le système et même indispensables. C’est ce que j’appelle l’arrogance du pouvoir», conclut Sven Clement.

Contacté par Paperjam, Jean-Louis Schiltz n’a pas souhaité commenter la situation. Michel Wurth a également refusé de commenter, publiquement du moins, cette histoire qu’il juge «ridicule».