Résident permanent à Singapour, Yves Bouvier ne se rend plus au Luxembourg que pour les conseils d'administration du Freeport, assure-t-il. (Photo: Luc Mullenberger / archives)

Résident permanent à Singapour, Yves Bouvier ne se rend plus au Luxembourg que pour les conseils d'administration du Freeport, assure-t-il. (Photo: Luc Mullenberger / archives)

Empêtré depuis près de deux ans dans une guerre judiciaire avec l’ancien oligarque russe Dmitri Rybolovlev qui l’accuse d’escroquerie dans la vente de toiles de maître, Yves Bouvier a choisi de prendre la parole publiquement. Très discret depuis sa mise en examen en France et le lancement de différentes procédures à Monaco, à Singapour, à Hong Kong et au Liechtenstein, l’homme d’affaires suisse se livre dans une interview publiée mardi dans les colonnes du Luxemburger Wort. Avec comme principal leitmotiv la défense du Freeport, inauguré en septembre 2014 et réorganisé depuis avril 2016.

Affirmant que l’activité de la structure sécurisée et exemptée de taxe «n’a réellement démarré qu’en 2015», Yves Bouvier reconnaît que «le taux de remplissage est inférieure à ce que nous attendions» et estime pouvoir atteindre «notre objectif 2016 au cours de l’année 2017». Un retard que le père spirituel du port franc luxembourgeois met sous le coup du «bruit médiatique» déclenché par Dmitri Rybolovlev. Ce qui «n’a pas aidé la commercialisation», reconnaît l’homme d’affaires qui assure pourtant «être confiant pour l’avenir» du site luxembourgeois, présenté - comme l’ensemble des ports francs - comme «un avantage logistique, pas fiscal».

La justice finira par me donner raison.

Yves Bouvier, père spirituel du Freeport Luxembourg

Interrogé sur les éventuelles démarches de désengagement du Freeport de la part de Fine Art Natural Le Coultre - société familiale d’Yves Bouvier «et l’un des locataires du port franc» - le Suisse estime que  «c’est un peu mettre la charrue avant les bœufs». Mais assure dans le même temps que «si un acteur du marché veut louer des espaces, nous permettant donc d’augmenter le taux de remplissage, mais demande parallèlement à acheter une partie du capital, je me déterminerai en fonction de la plus-value qu’il amène à l’entreprise».

Des propos loin d’être innocents dans le contexte de manque à gagner engendré par la bataille judiciaire engagée, sur fond de soupçons autour de la revente d’œuvres d’art. De l’aveu d’Yves Bouvier, les différentes procédures engagées aux quatre coins de la planète auraient abouti à une perte d’«un milliard d’euros, toutes activités confondues». Se disant «serein» quant à son avenir judiciaire, l’homme d’affaires estime que «la justice finira par me donner raison».