Après Yves Bouvier (au centre), c'est au tour d'Olivier Thomas ( à droite) d'être mis en examen pour le vol présumé de deux tableaux de Pablo Picasso. (Photo: Freeport)

Après Yves Bouvier (au centre), c'est au tour d'Olivier Thomas ( à droite) d'être mis en examen pour le vol présumé de deux tableaux de Pablo Picasso. (Photo: Freeport)

Alors que le Freeport tente de se faire une nouvelle image en mettant en avant un conseil d’administration composé principalement de personnalités luxembourgeoises, son nom reste encore fortement attaché aux vicissitudes judiciaires de ses deux principaux actionnaires. Mardi, le Figaro révélait ainsi qu’Olivier Thomas, ancien président du Freeport, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire à Paris par la juge Isabelle Rich-Flament, le 6 juillet dernier.

Le courtier en art et propriétaire de nombreux chevaux de course est accusé d’«abus de confiance, escroquerie, recel et blanchiment» dans le cadre de l’enquête en cours sur la disparition de plusieurs tableaux de Pablo Picasso, dont deux portraits à la gouache baptisés «Tête de femme» et «Espagnole à l’éventail». Cette mise en examen fait suite à la découverte, dans l’ordinateur de l’ancien président du Freeport, d’images des œuvres litigieuses alors qu’Olivier Thomas avait affirmé, en novembre dernier, ne les avoir jamais vues.

Tableaux revendus en 2013 pour 27 millions d'euros

L’ancien président du Freeport emboîte donc le pas, sur le plan judiciaire, à Yves Bouvier, père spirituel de la structure sécurisée du Findel. Le Suisse, propriétaire de la société Natural Le Coultre, est en effet le premier à avoir été mis en examen dans cette affaire née de la plainte déposée par Catherine Hutin-Blay, fille de la seconde épouse du peintre espagnol. En mars 2015, cette dernière s’était tournée vers la justice française suite à la découverte de la disparition de plusieurs toiles de Picasso au sein de l’inventaire créé suite à la vente de la maison de Pablo et Jacqueline Picasso, située dans le sud de la France, en 2008.

Censées être transportées en région parisienne, les œuvres auraient en réalité été restaurées et revendues, en 2013 à Genève, pour 27 millions d’euros par Yves Bouvier au milliardaire russe Dmitri Rybolovlec. «Mon client ignore totalement comment ces tableaux ont pu se retrouver par la suite à Genève», assure Me Jean-Marc Fedida, avocat d’Olivier Thomas, interrogé par l’AFP. Yves Bouvier, de son côté, plaide la bonne foi en assurant avoir acheté les portraits, ainsi que 58 dessins à l’encre, auprès d’un trust basé au Liechtenstein et «présenté comme étant celui de Catherine Hutin-Blay», selon sa défense, citée par l’agence de presse.

Pour sa part, le milliardaire russe s’est porté partie civile, estimant avoir été berné dans l’acquisition des deux portraits et accusant le Suisse d’avoir réalisé d’importantes plus-values sur les achats d’autres tableaux. À l’heure actuelle, les deux portraits litigieux se trouvent entre les mains de la justice française après leur remise en septembre 2015 par Dmitri Rybolovlec comme preuve de sa bonne foi. Yves Bouvier est poursuivi pour recel de vol et s’est vu imposer une caution de 27 millions d’euros.