Pour Viviane Reding, le gouvernement et les députés de la majorité ne représenteraient pas les Luxembourgeois à Bruxelles. (Photo: Maison Moderne/archives)

Pour Viviane Reding, le gouvernement et les députés de la majorité ne représenteraient pas les Luxembourgeois à Bruxelles. (Photo: Maison Moderne/archives)

La campagne électorale de Viviane Reding pour les législatives d’octobre prochain est bel et bien lancée. Trois semaines après avoir officialisé sa candidature, l’actuelle eurodéputée CSV n’a pas hésité à monter au front pour s’attaquer frontalement à l’exécutif en place. Avec un angle d’attaque portant sur son domaine de prédilection: l’Europe. Jugeant les membres du gouvernement «passifs» aussi bien sur les dossiers européens que lors des sommets de l’Union ou des différents conseils, l’ancienne vice-présidente de la Commission européenne s’est montrée particulièrement virulente contre le Premier ministre, vu comme «peu influent».

«Elles sont effectivement très belles les photos de Bettel posant avec Macron. Mais quant au fond, le Premier ministre ne dispose d’aucun moyen d’influence sur le pouvoir décisionnel que se partage le G4 composé de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et de l’Espagne… Le Luxembourg est bel et bien présent sur les photos où Xavier Bettel apparaît tout sourire, mais il se voit exclu des négociations. Le gouvernement ne s’engage pas assez en faveur des citoyens luxembourgeois», assure Viviane Reding qui prend l’exemple du choix d’implanter l’Autorité bancaire européenne à Paris et non à Luxembourg.

Viviane Reding aurait mieux fait de demander conseil à Jean-Claude Juncker avant de s’exprimer.

Communiqué du DP

Des déclarations qui ne sont bien évidemment pas passées inaperçues du côté de l’actuelle coalition gouvernementale. La riposte est venue lundi soir de la part du DP dans un communiqué intitulé «Viviane Reding sait tout faire, sauf lire les journaux». Pour le parti libéral, les propos tenus contre Xavier Bettel sont injustifiés, car «rien qu’au cours de la semaine passée, le Premier ministre a rencontré la commissaire européenne en charge des Transports (…) et le négociateur du Brexit pour l’UE, Michel Barnier, pour clarifier les intérêts luxembourgeois dans les négociations y relatives».

Sur le transfert de l’ABE, le DP assure «s’interroger sur le fait de savoir si Madame Reding a formulé les mêmes reproches à ses amis allemands de la CDU, alors que Francfort était en concurrence avec Paris pour accueillir l’agence européenne devant quitter Londres.» Et le parti présidé par Corinne Cahen de rappeler que l’ABE a été créé en 2011, «alors que Londres était, à l’époque, le concurrent principal de la place financière luxembourgeoise», renvoyant de fait la balle au Premier ministre et ministre des Finances d’alors, Jean-Claude Juncker.

La pique finale, présageant peut-être des échanges à venir dans le cadre de la campagne législative, pourrait laisser des traces. Puisque le DP estime ne pas avoir de leçon à recevoir de l’eurodéputée «qui n’a jamais été ministre» et qui «aurait mieux fait de demander conseil à Jean-Claude Juncker avant de s’exprimer.»