L’équipe de restauration au travail autour de l’œuvre de Frank Stella. (Photo : Nader Ghavami)

L’équipe de restauration au travail autour de l’œuvre de Frank Stella. (Photo : Nader Ghavami)

Le point de départ est une œuvre de Frank Stella, «Karpathenburg II», acquise récemment par la galerie Ceysson & Bénétière aux États-Unis. Il s’agit d’une des dernières toiles à grande échelle de Frank Stella, qui est aujourd’hui âgé de 82 ans. Elle est alors acheminée enroulée en Europe, son châssis démonté. Une fois arrivée au Luxembourg, la galerie Ceysson & Bénétière la stocke au Freeport. Afin de la remonter sur son châssis, la galerie fait appel à la restauratrice Élisabeth Koltz (Les Ateliers du Luxembourg), qui s’entoure également de l’experte en art Patricia de Zwaef (Tempera) et du restaurateur français Guillaume Bénard-Tertrais. Ensemble, ils interviennent au Freeport et disposent d’un vaste atelier de restauration.

Le témoin d’une recherche artistique

Créée en 1996 par le peintre américain, la toile appartient à une série de trois œuvres dont les titres font référence au roman de Jules Vernes: «Le Château des Carpathes» (1892). «Cette toile a été acquise directement auprès de l’artiste en 1997 par la galerie John Berggruen à San Francisco, qui l’a mise en vente récemment», explique Patricia de Zwaef, qui a travaillé sur la provenance de l’œuvre. «Cette œuvre résume brillamment les recherches de l’artiste américain sur les limites de l’espace pictural et est l’aboutissement de plusieurs décennies d’exploration sur les frontières de la peinture traditionnelle. Les formes incurvées, qui semblent sortir de la toile pour exploser sur le mur, font de cet assemblage un ensemble d’une complexe exubérance optique. La physicalité de son travail est importante», précise l’experte.

Des dimensions complexes

L’œuvre présente des dimensions impressionnantes de 2,97m x 4,58m, ce qui rend sa manipulation délicate. Pour des raisons de transport, la toile a été roulée sur elle-même sur un tube de 80cm de diamètre. Une fois arrivée au Luxembourg, la toile a donc été déroulée, la couche picturale déployée vers le sol. Élisabeth Koltz a ainsi d’abord établi un constat d’état du revers de la toile. Le châssis a été recomposé par les restaurateurs, ce qui, à les entendre, n’a pas été une mince affaire. Puis, étant donné les dimensions de l’œuvre, des bandes de tension ont été posées à l’arrière pour éviter que la toile ne s’effondre sur elle-même. «Désormais la toile est de nouveau posée sur son châssis. Il reste encore à reprendre un peu la tension du châssis si besoin», explique Élisabeth Koltz. C’est maintenant la face de l’œuvre qui est sujette aux attentions pour réaliser le constat d’état final. «À l’aide des outils numériques, nous pouvons établir des constats d’état très précis, et envoyer les rapports quasiment en temps réel à leur propriétaire», explique la restauratrice. «Le fait que nous puissions disposer d’un vaste espace de stockage sécurisé et de professionnels hautement qualifiés est une vraie chance pour nous», précise Maëlle Ebelle de la galerie Ceysson & Bénétière. «C’est la première fois que nous travaillons ainsi et nous sommes très satisfaits des bonnes relations humaines qui ont pu se mettre en place à cette occasion. Cela nous facilite beaucoup le travail.» Pour admirer cette œuvre, il faudra patienter un peu, mais il est possible que la galerie Ceysson & Bénétière la présente dans son espace du Windhof en 2019.