Outre ses trois réserves émises, Alain Lintz recommande également de mettre en œuvre le transport fluvial et du sourcing local, afin de réduire le trafic routier, ainsi que les émissions de CO2. (Photo: illustration Moselle Attractivité)

Outre ses trois réserves émises, Alain Lintz recommande également de mettre en œuvre le transport fluvial et du sourcing local, afin de réduire le trafic routier, ainsi que les émissions de CO2. (Photo: illustration Moselle Attractivité)

Un rapport de 139 pages portant sur le cadre juridique, le déroulement de l’enquête publique, le recensement et l’analyse des observations, les recommandations de l’Autorité environnementale et, enfin, des conclusions. C’est ce qu’a rendu jeudi Alain Lintz, commissaire enquêteur du projet d’implantation d’une usine de production de laine de roche par l’entreprise Knauf Insulation à Illange, au préfet de Moselle.

Cette implantation, annoncée en mai dernier, a fait réagir de nombreux habitants du secteur, alors que Patrick Weiten, président du Conseil départemental de la Moselle, et plusieurs élus s’en félicitent au contraire.

Trois réserves émises

Une association a été créée, une pétition lancée, et une enquête publique a été réalisée du 23 août au 5 octobre. Alain Lintz a également dressé un procès-verbal de synthèse sur les principales préoccupations du public et les réponses de Knauf Insulation. Et c’est sur la base de tous ces éléments qu’il émet un «avis favorable» à ce projet devenu controversé.

Le commissaire enquêteur donne cet avis motivé, «après avoir mesuré les avantages et les inconvénients du projet et considérant que l’impact négatif de ce projet sera restreint par rapport à l’intérêt général au regard des éléments développés ci-dessus et malgré la mobilisation conséquente de la population exprimant ses craintes plus que des conséquences avérées à l’encontre du projet (…)»

Les émissions de CO2 dans le viseur

Alain Lintz émet toutefois trois réserves, que Knauf Insulation devra lever si le groupe allemand ne veut pas voir cet avis devenir défavorable.

En premier lieu, Knauf Insulation doit définir, «par arrêté préfectoral, des valeurs limites d’émissions atmosphériques comparables à celles constatées à St Egidien», ville allemande où Knauf Insulation possède une usine similaire à celle qui doit être implantée à Illange, sur laquelle une visite de plusieurs élus mosellans a été organisée en avril dernier.

Surveillance des valeurs d’exposition

La deuxième réserve concerne «tous les engagements pris par le porteur de projet dans son mémoire», et en particulier 11 points mis en avant par Alain Lintz. Il s’agit notamment d’installer jusqu’à 7.500m2 de panneaux solaires, d’un ajout de 3,5 hectares d’espaces verts, mais aussi de réduire de 15% les rejets de CO2.

À destination des habitants vivant à proximité du site, Knauf Insulation s’est engagée à mettre en place une surveillance des valeurs d’exposition de la population aux composants des rejets, mais également à un contrôle des niveaux sonores en trois points tous les trois ans. Un comité de suivi doit également être installé.

Un liant «à base végétale»

Troisième réserve émise par le commissaire enquêteur: «développer une démarche d’amélioration continue avec indicateurs de performance», dans le but de réduire les émissions «à la source par le captage, le stockage ou toute autre méthode en mettant en œuvre toutes les technologies novatrices». Selon les termes du rapport, le groupe allemand devra définir «un plan ambitieux de mise en œuvre du liant Ecose sur la totalité de la production».

Ledit liant Ecose étant, selon les mots de l’industriel, «à base végétale», et donc composé «de matériaux renouvelables», et qui permet à Knauf Insulation «de concevoir des laines de roche sans produits chimiques ajoutés».

Un «refus de la population»

Deux recommandations s’ajoutent à ces trois réserves: la conception de la cheminée dite «Aval», et les transports liés à cette usine. Sur ce deuxième point, Alain Lintz recommande notamment de mettre en œuvre le transport fluvial et du sourcing local, afin de réduire le trafic routier, ainsi que les émissions de CO2

Face à ce rapport, l’association Stop Knauf Illange n’a pas tardé à réagir, titrant dans un post mis en ligne vendredi: «L’intérêt général: une affaire de point de vue». «Non, monsieur le commissaire enquêteur, il vous faut relire plus attentivement les contributions qui vous ont été envoyées. C’est un véritable refus que la population a exprimé!», ajoute l’association.

Une manifestation samedi 24 novembre

Face à la mobilisation des habitants concernés, l’association regrette qu’«aujourd’hui, le commissaire enquêteur, n’a pas voulu retenir cette forte opposition et s’est rangé du côté des industriels».

L’association Stop Knauf Illange organise par ailleurs une marche citoyenne samedi 24 novembre à Thionville à partir de 14h. Le rassemblement est prévu place de la Liberté.