Station F, le plus grand «campus de start-up du monde» situé dans le 13e arrondissement, pas loin de la place d’Italie. (Photo: DR)

Station F, le plus grand «campus de start-up du monde» situé dans le 13e arrondissement, pas loin de la place d’Italie. (Photo: DR)

Brièvement accosté à l’entrée de Station F, ce vaste dôme profond de 300 mètres (comme la tour Eiffel), le directeur de la Chambre de commerce luxembourgeoise, Carlo Thelen, ironise: «Je suis jaloux.» Le plus grand «campus de start-up du monde» situé dans le 13e arrondissement, pas loin de la place d’Italie, a en effet de quoi faire pâlir la House of Start-ups du Luxembourg, même si évidemment Paris et Luxembourg sont deux ligues différentes

Quelques heures après la délégation économique luxembourgeoise, c’était au tour du couple grand-ducal, accompagné par Brigitte Macron, le Premier ministre, Xavier Bettel, le vice-Premier ministre, Étienne Schneider, et le ministre des Finances, Pierre Gramegna, de visiter Station F avec en guise de guide: son fondateur, Xavier Niel.

Impressions

L’entrepreneur et homme d’affaires, particulièrement connu pour avoir fondé les services de télécommunications Free et parce qu’il est copropriétaire du journal Le Monde, présentait le campus: 34.000 mètres carrés, 3.000 postes de travail, 60 salles de réunion, 9 espaces événementiels (et 1 bureau de poste). Station F «rassemble tout un écosystème entrepreneurial sous un seul et même toit».

À Station F, l’œil du visiteur tombe sur les enseignes de Facebook, Microsoft ou Google dans différents coins. Les géants du numérique américains proposent quelques-uns des programmes pour start-up et contribuent à l’atmosphère à la Silicon Valley.

Pour résumer un court séjour dans l’ancienne gare de marchandises: on ne croise quasiment que des jeunes, qui se déplacent à la hâte et généralement seuls. Quelque part, l’espace a une apparence un peu stérile, mais après tout, il vient seulement d’être inauguré en juin dernier. Les baby-foot ici et là ou encore le «fun stuff» n’ont pas l’air d’avoir été utilisés des masses. Les lieux sont très sécurisés. Beaucoup de béton et de meubles Ikea. Cela fait penser que tout le monde est très occupé. Ou en tout cas que les méninges doivent travailler vite.

Du loser au succès

Les start-up ne sont pas censées s’éterniser dans le dôme, et le prototypage est privilégié. Les dossiers doivent aussi être concrets et les projets palpables: sur 4.000 dossiers, 200 sont retenus. Les quelques jeunes «start-upper» à qui l’on a parlé sont à fond dans leur truc et évoquent, par exemple, la blockchain dans le domaine médical, ou encore un réseau mondial de démocratie contributive sur le modèle de SimCity (jeu virtuel de construction de villes), ou encore les applications qui permettent l’évacuation immédiate de populations entières en cas de crise.

26 programmes de start-up proposent à de jeunes entrepreneurs avec des idées et surtout des bons dossiers, un accompagnement, bref, mais censé les propulser au prochain niveau. 40 fonds, dont un luxembourgeois, cherchent les bons projets où investir. Xavier Niel veut rassembler investisseurs et jeunes talents: à côté du seul hôtel 5 étoiles dans le sud de Paris, l’homme d’affaires a lancé un projet de construction de 100 appartements partagés et de logements à coût inférieur à celui des logements sociaux.

Pour illustrer le potentiel de Station F, Xavier Niel, qui aime les approches radicales, raconte l’histoire d’un voleur de voitures qui, sorti de prison, développait un système infaillible pour ne plus se faire voler sa voiture. «Nous avons fait de quelqu’un qui était vu comme un ‘loser’ un ‘succès’.»