Skype est-il aussi transparent et clair que ses bâtiments à Clausen? (Photo: Olivier Minaire / archives)

Skype est-il aussi transparent et clair que ses bâtiments à Clausen? (Photo: Olivier Minaire / archives)

Le quotidien britannique The Guardian affirme, dans son édition de vendredi 11 octobre, que la Commission nationale de protection des données nominatives à Luxembourg a ouvert une enquête sur l’opérateur de communications sur internet Skype (qui a son siège social au Luxembourg).

L’opérateur est suspecté d’avoir donné un coup de main à l’agence de sécurité américaine, la NSA, pour espionner les communications. En juillet, l’hebdomadaire d’Lëtzebuerger Land avait été le premier à annoncer l’ouverture de l’enquête, mais cette information était passée relativement inaperçue.

Skype, écrit le journal, fait l’objet d’une enquête par la commission de protection des données au sujet de craintes sur son implication secrète et de sa complicité avec la NSA dans le programme d’espionnage systématique Prism.

Gérard Lommel confirme l’enquête

La filiale de Microsoft pourrait faire l’objet de sanctions pénales et administratives, poursuit le quotidien. Sanctions pénales? Tout dépendra de l’issue des investigations menées par la CNPD, qui est une autorité administrative, sans aucune compétence sur le plan pénal. Toujours est-il que si le dossier était concluant, la commission pourrait être amenée à saisir la justice.

Gérard Lommel, le président de la CNPD, a confirmé au Guardian qu’une enquête était en cours. Il n’a pas souhaité, de ce fait, commenter davantage cette affaire.

L’hypothèse d’une plainte paraît tout de même assez incertaine, compte tenu de l’indulgence dont a bénéficié jusqu’à présent Skype de la part des autorités grand-ducales.

Un outil prisé

Ainsi, la justice luxembourgeoise n’a-t-elle jamais été en mesure d’obtenir de la part de l’opérateur (qui n’est pas considéré comme un opérateur de télécommunication au sens propre et ne tombe pas sous la surveillance de l’Institut luxembourgeois de régulation) ses codes secrets de son logiciel afin de pouvoir décrypter les communications peer-to-peer, c’est-à-dire d’ordinateur à ordinateur, dans le cadre de la lutte contre la criminalité.

Le logiciel Skype, précisément parce qu’il avait la réputation de ne pas pouvoir être écoutable, est présenté comme un des outils préférés des délinquants. 97 milliards d’informations auraient été capturées et stockées par Prism en violation des lois sur la protection de la vie privée, selon un document révélé par Der Spiegel.

Le gouvernement luxembourgeois avait indiqué récemment dans un document parlementaire qu’il n’y avait pas eu d’incidence du programme Prism ni d’interférence de la NSA au Luxembourg.