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Quand nous avons lancé le produit de paiement mobile Digicash en 2012, la notion de «fintech» n’existait pas encore. Mais le processus de prise de conscience par les acteurs de la finance était bel et bien entamé, il y avait déjà une sorte de sentiment flou qu’il allait y avoir une évolution – voire une révolution. Les réflexes traditionnels déclenchés par une perspective de changement devenaient rapidement apparents: pour les acteurs établis, l’arrogance, l’appel aux autorités, et pour certains la hauteur… pour les nouveaux entrants, le refus de l’ordre établi et les tentatives de contourner les règles en vigueur, ainsi que – du moins pour certains – le dédain. 

Ensuite, le débat fut rapidement porté vers les espoirs et les craintes de la substitution: qui seront ces acteurs de demain qui vont remplacer les protagonistes établis? Ce focus sur les acteurs laissait malheureusement peu de place pour les réflexions au niveau produit: hormis les constats de la digitalisation des canaux («les agences bancaires disparaîtront»), les discussions ne concernaient que marginalement les produits financiers de demain, les méthodes de leur distribution ou encore les rôles des acteurs dans la chaîne de valeur. 

Et pourtant, en observant deux autres secteurs qui ont subi au cours des 20 dernières années ce même type de transformation accélérée par la digitalisation, à savoir les télécoms et l’industrie de la musique, l’on pourrait en tirer plusieurs conclusions: 

– les acteurs établis ne disparaissent généralement pas, mais occupent une autre place dans la chaîne et réalisent sensiblement moins de bénéfices;

– le produit ou besoin essentiel ne change pas ou peu, ce sont les méthodes de le consommer, les canaux de distribution et les outils et supports qui changent;

– le client impose toujours sa loi, choisit généralement le produit, le canal, le support et l’acteur qui lui proposent le meilleur ratio user experience/prix. 

Il n’y a que très peu d’exemples de produits ou d’acteurs qui ont réussi à changer notre quotidien

Raoul MulheimsRaoul Mulheims, Co-founder & CEO (Finologee)

Quel sera l’impact à moyen et long terme de ce mouvement? 

Certains disent que l’on parle depuis quelques années de la fintech, mais qu’il n’y a que très peu d’exemples de produits ou d’acteurs qui ont réussi à changer notre quotidien. Ceci est vrai, mais également quelque peu réducteur. Typiquement, pour ce type d’évolution radicale, après une phase de préparation marquée par beaucoup d’incertitudes et d’interrogations, il se produit une accélération considérable dès que les conditions essentielles sont remplies et que les acteurs qui transformeront ont trouvé le bon angle. 

Ainsi, pour les télécoms, les smartphones n’ont permis qu’à partir de 2007 une utilisation efficace du data par les écosystèmes d’apps, six ans après le début du data. Et il a fallu huit années de plus pour que WhatsApp perce pour de vrai pour se substituer aux SMS. Pour l’industrie de la musique aussi, les revenus du streaming ont seulement permis en 2016 d’inverser la courbe d’évolution des revenus. 

Concernant l’impact de la technologie sur le secteur de la finance au cours des prochaines années, il est utile de distinguer entre les piliers qui le constituent pour schématiser l’évolution probable: 

– pour la finance de détail, les marges vont diminuer, il y aura une phase de consolidation et certains acteurs vont être réduits aux rôles de fournisseurs de tuyauterie. D’autres vont devenir des plateformes ou trouver leur niche, et la distribution des produits se fera vraisemblablement majoritairement par d’autres marques, la plupart digitales, non bancaires;

– pour les autres métiers de la finance, certains rôles vont clairement disparaître, surtout ceux qui sont dominés par un traitement manuel. D’autre part, il y aura une forte augmentation du niveau de technicité, les métiers deviendront de plus en plus informatiques, et de moins en moins bancaires/financiers. 

… le tout pour favoriser des expériences et des flux plus efficaces et moins chers. 

Nous avons découvert plusieurs besoins, pour lesquels nous pensons pouvoir apporter des réponses efficaces.

Raoul MulheimsRaoul Mulheims, Co-founder & CEO (Finologee)

Et quelle est la place de Finologee dans tout ceci? 

Nous nous plaçons au croisement entre UX, excellence technologique et compliance. Finologee se situe dans la continuité de l’élan pris avec Digicash depuis le début des développements en 2010, dans le même esprit entrepreneurial. L’expérience gagnée avec les banques d’un côté et avec les commerces et émetteurs de factures de l’autre nous a fait découvrir plusieurs besoins, pour lesquels nous pensons pouvoir apporter des réponses efficaces: 

o faciliter l’onboarding digital de clients en agrégeant les meilleurs produits fintech internationaux;

o proposer une plateforme pour la PSD2 aux banques et commerçants;

o et finalement, développer un système permettant de créer des stratégies de messaging multicanal, par ex. pour l’optimisation des procédures de facturation. 

Nous espérons ainsi pouvoir contribuer de manière significative à la construction de l’histoire fintech/regtech luxembourgeoise.