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Paradoxalement, les fintech peuvent autant être des start-up que des unités dédiées à des projets d’innovation au sein d’institutions financières ou de grands groupes technologiques. Ce qui les distingue est leur angle de pénétration de marché ainsi que leur mode opérationnel.

Une fintech se focalise en général sur la résolution d’un challenge précis qui permet potentiellement une amélioration significative. Par exemple, la lenteur et les coûts excessifs des paiements transfrontaliers ont motivé beaucoup de fintech à développer des services qui accélèrent ces paiements à des tarifs compétitifs.  

Elles essaient également d’avoir une interaction avec les clients en ayant une infrastructure minimaliste et sans nécessairement avoir besoin d’autorisations des autorités de tutelle. Elles réduisent ainsi leurs coûts, tout en augmentant leur vélocité. C’est notamment le cas de fournisseurs de services qui facilitent l’accès aux comptes en banque sous la directive PSD2 ou des plateformes de «crowdvesting» qui ont rapidement développé leur outil et leur marché respectifs.

Ceci nous amène aux spécificités de fonctionnement des fintech qu’on qualifie fréquemment d’agiles. En effet, elles pratiquent des cycles d’itération rapides entre l’identification de challenges, le développement de solutions et leurs tests. Ce sont des cycles qui se quantifient en semaines. Ainsi, les fintech gèrent très efficacement leurs ressources et pivotent rapidement pour adapter leurs solutions aux besoins réels des utilisateurs visés. 

La fintech, indépendante, favorise une remise en question plus fondamentale et pourra fournir des concepts plus disruptifs.

Frank RoessigFrank Roessig, Head of digital finance solutions (Telindus)

C’est le cas de Digital Finance Solutions (DFS) au sein de Telindus. En tant qu’équipe pluridisciplinaire localisée au Luxembourg et dans la Silicon Valley, DFS développe plusieurs solutions en interaction fréquente avec de potentiels utilisateurs et implémente des évolutions constantes en fonction des retours fournis. Ce cycle vertueux comprend l’idéation collaborative d’une solution qui intègre les technologies les plus pointues, le développement d’un prototype et le test par des utilisateurs afin de relancer le design d’une version améliorée. Il a permis à DFS d’avancer rapidement dans la production d’une nouvelle solution holistique et sur mesure pour le DigitalKYC. Celle-ci fut d’ailleurs primée par le Best Fintech Solution Award en décembre 2017.

Cette différence fondamentale entre les modèles opérationnels des fintech et les acteurs établis du secteur financier rend parfois difficile l’intégration d’innovation dans la chaîne de valeur des services financiers. C’est dans ce contexte que la stratégie d’expansion des fintech peut faciliter l’éclosion de solutions novatrices. 

Ici, même si la notion de challenger semble enthousiasmante, une approche collaborative est souvent plus favorable, car elle permet de nourrir les aspirations à l’innovation tout en s’assurant que celle-ci s’intègre dans une réalité à grande échelle. Ceci est primordial dans la mesure où un nouveau service ne se développera qu’en fonction de sa valeur ajoutée, sous forme d’expérience client améliorée ou de processus opérationnels optimisés. 

Cette collaboration peut se pratiquer entre la fintech et un utilisateur final ou avec un partenaire déjà bien établi auprès de cet utilisateur. Les avantages d’un tel partenariat sont ainsi multiples.

La fintech, indépendante, favorise une remise en question plus fondamentale et pourra fournir des concepts plus disruptifs. Sa rapidité permettra aussi de valider ou d’invalider une ou plusieurs déclinaisons d’une solution, sans perdre trop de temps et d’argent. 

Le partenaire établi offrira l’accès à des utilisateurs nourrissant l’évolution de la solution et les ressources nécessaires pour sa croissance, tant sur le plan de l’infrastructure que du cash-flow, car le meilleur outil de financement d’une fintech reste toujours le chiffre d’affaires.

Un partenariat permet aussi à une fintech d’intégrer son outil, avec ceux d’autres fintech, dans une solution aboutie, adaptée au besoin d’un utilisateur.

C’est l’approche que pratique DFS de Telindus, qui tout en développant des outils innovants en interne, intègre aussi ceux d’autres fintech, afin de fournir la solution la plus moderne et adaptée, notamment dans le domaine du KYC.

C’est donc en donnant à la fintech la liberté d’améliorer significativement un produit ou un processus, tout en favorisant son intégration au sein d’une chaîne de valeur transformée, qu’on crée un contexte gagnant-gagnant pour la mise en place de la finance de demain.