Pour le gouvernement italien, le plan de reprise d’ArcelorMittal ne préserve pas assez d’emplois, dans une région particulièrement touchée par le chômage. (Photo: Licence C.C.)

Pour le gouvernement italien, le plan de reprise d’ArcelorMittal ne préserve pas assez d’emplois, dans une région particulièrement touchée par le chômage. (Photo: Licence C.C.)

La reprise d’Ilva par ArcelorMittal s’annonce plus compliquée que prévu. Initialement programmée au 1er juillet, l’opération se trouve une nouvelle fois remise en question par les exigences du nouveau gouvernement italien, hostile à l’idée de voir la principale aciérie du pays passer entre les mains d’un groupe étranger. Lundi, Luigi Di Maio, ministre du Développement économique et du Travail et chef de file du Mouvement 5 étoiles – parti antisystème –, a ainsi estimé que le plan d’ArcelorMittal en matière d’emplois n’était pas «satisfaisant».

Sur les 14.200 salariés actuels du site, le géant mondial de l’acier s’est engagé à ce jour à en reprendre 10.000 avant de réduire les effectifs à 8.500 à partir de 2023. Et le vice-Premier ministre italien d’accompagner sa demande d’un rappel à une possible annulation de l’appel d’offres remporté par le groupe basé au Luxembourg suite à la découverte de plusieurs infractions dans la procédure par l’autorité italienne anticorruption. Cette dernière avait notamment souligné qu’ArcelorMittal avait offert 50 millions d’euros de moins que son concurrent, le consortium AcciaItalia.

Conséquence indirecte pour l’usine de Dudelange

Cette menace intervient à peine deux semaines après avoir obtenu de nouveaux «engagements substantiels» de la part du groupe de Lakshmi Mittal, sans que le détail soit publié. Pour s’offrir Ilva, ArcelorMittal avait déjà promis d’investir 4,2 milliards d’euros dans l’aciérie, dont 1,2 milliard destiné à améliorer la productivité et 1,15 milliard pour réduire la pollution. À noter que ce dossier, hautement politique, doit faire l’objet d’une solution rapidement, puisque l’aciérie italienne, toujours propriété de l’État, enregistre des pertes mensuelles estimées à 30 millions d’euros.

Prévu pour le 15 septembre, le rachat pourrait toutefois être à nouveau repoussé, Luigi Di Maio ayant demandé un avis aux hauts fonctionnaires de l’État italien quant à un éventuel abandon du projet de rachat. Ce dernier doit être examiné à partir de ce mardi. Conséquence indirecte, la vente du site de Dudelange reste à ce jour en suspens. Validée en mai par la Commission, l’acquisition d’Ilva par ArcelorMittal était soumise à la vente d’autres actifs du groupe, dans le cadre de la législation sur les concentrations d’entreprise. À ce jour, les noms de deux repreneurs pour le site luxembourgeois circulent, même si seul Salzgitter s’est officiellement porté candidat.