Le tissu commercial urbain connaît une vague de fermetures importante. (Photo: David Laurent/archives)

Le tissu commercial urbain connaît une vague de fermetures importante. (Photo: David Laurent/archives)

Une bonne nouvelle est chassée par une mauvaise au sein du commerce urbain haut de gamme. Au lendemain de l'annonce du choix de Courrèges d'ouvrir sa seconde boutique (en direct) à Luxembourg (Grand-Rue), 17 enseignes franchisées sont restées fermées aujourd'hui au centre-ville. 

Cette fermeture résulte des difficultés de la société F.C.P.E. Lux, déclarée en faillite ce jeudi. L'entité qui disposait de plusieurs succursales (Comptoir des Cotonniers, Butterfly, Loft, Dressing Room, F.C.P.E. Lux sàrl Show-Room) était détenue par deux associés originaires de Moselle: Pascal Einhorn et Fred Castera. Ils employaient quelque 60 personnes selon le syndicat OGBL.

«Nous avons tenu une première réunion avec 40 à 50 personnes qui ont trouvé porte close en voulant prendre leur service ce matin», déclare André Sowa, délégué du syndicat OGBL. «La direction nous a indiqué, à l'heure actuelle, qu'elle ne voulait pas dialoguer directement avec nous.» 

Face à cette situation, l'OGBL organisera demain à 15h une réunion d'information à destination des employés, dans ses locaux de la capitale. «Nous entendons aussi faire pression sur le ministère du Travail et contacter les marques concernées pour trouver une éventuelle solution de reprise en direct.» 

Prévisible

Loft, Comptoir des Cotonniers, Sandro, Geox, Marc Jacobs: les deux associés messins avaient apporté, depuis quelques années, une série de marques haut de gamme - créneau sur lequel mise la capitale - en lieu et place de commerces traditionnels. L’avenir de ces marques au sein du tissu commercial devra être précisé mais certaines d'entre elles seraient toutefois intéressées en coulisse par une future reprise en nom propre. Reste que, depuis quelque temps déjà, les approvisionnements en nouvelles machandises se faisaient rares, signe de premières difficultés. 

«Il s’agit malheureusement d’une mort annoncée en raison de pratiques qui ne correspondent pas à l’éthique du marché», déclarent Carine et Thierry Smets, gérants et propriétaires des enseignes Smets. «Nous pensons notamment aux prix des loyers que les deux associés en question ont fait grimper pour séduire les propriétaires et qui ont donné lieu à une situation de place forte artificielle.»

Image de marque

Si les deux spécialistes de la mode pointent ce type de gestion et invitent le marché, ainsi que les autorités compétentes, à s’accorder sur des règles «de bonne conduites», ils craignent par ailleurs pour l’image de marque de la ville.

«Les touristes et les grandes enseignes qui arrivent au Luxembourg ne connaissent pas le contexte de ces fermetures», ajoutent Carine et Thierry Smets. «Nous sommes donc disposés à travailler avec les autorités et services compétents pour faire en sorte que les boutiques ne restent pas fermées et que ces fermetures ne plombent pas l’image de la ville.»

À l’heure de la mutation du commerce en centre-ville et de la campagne électorale des législatives du 20 octobre, cette faillite appellera certainement les élus à se prononcer sur des mesures afin d’éviter des pratiques aux conséquences néfastes pour l’économie et pour l’emploi. 

«Nous espérons que Madame Françoise Hetto-Gaasch (ministre des Classes moyennes, ndlr) fera rapidement avancer la réforme du droit des baux promise lors de notre dernière assemblée générale», déclare Guill Kaempf, président de l'Union commerciale de la Ville de Luxembourg (UCVL).

Des retards au niveau du paiement de la TVA ou des procédures relatives à la sécurité sociale sont aussi évoqués dans ce dossier. De quoi inspirer la réforme en cours du droit de la faillite voulue par le gouvernement sortant. Celle-ci devait, entre autres, prévoir la mise en place d’un mécanisme préventif... clignotants à l’appui. 

Il n'a pas été possible, jusqu'à présent, d'entrer en contact avec la direction de la société F.C.P.E. Lux.