La plainte du collectif des victimes intervient une semaine après la démission du Premier ministre islandais, cité dans l'affaire des Panama Papers. (photo: Jessica Theis / archives)

La plainte du collectif des victimes intervient une semaine après la démission du Premier ministre islandais, cité dans l'affaire des Panama Papers. (photo: Jessica Theis / archives)

Le collectif des victimes de Landsbanki Luxembourg, réduit aujourd’hui à 12 parties, a engagé une plainte en France auprès du procureur de la République du tribunal de grande instance de Paris contre la banque luxembourgeoise et sa liquidatrice, l’avocate Me Yvette Hamilius. Déposée le 12 avril, la plainte reproche à la liquidatrice d’avoir tenté «à diverses reprises de réaliser le produit de l’action criminelle détenu par la société Landsbanki Luxembourg en liquidation».

Car la banque luxembourgeoise a été renvoyée à l’automne 2015 devant un tribunal correctionnel en France pour escroquerie, après y avoir commercialisé auprès de centaines d’épargnants des prêts toxiques connus sous le nom d’equity release. Le juge d’instruction français Renaud Van Ruymbeke avait considéré que les montages equity release relevaient de l’infraction d’escroquerie. Le fait que la liquidatrice initie des démarches en France et au Luxembourg pour récupérer l’argent emprunté par les clients de la banque constituerait de ce fait une opération de blanchiment.

Les avocats des victimes, MMe Maxence Laugier du Barreau de Lille et Bernard Maingain du Barreau de Bruxelles, considèrent que la banque et sa liquidatrice ont posé des actes susceptibles d’être qualifiés de «discrédit de la justice», «intimidation de la victime», «blanchiment et tentative de blanchiment», «tentative d’escroquerie à jugement» et «harcèlement».

Responsabilité pénale de la liquidatrice

«La banque Landsbanki Luxembourg s’est appropriée, à la suite d’une escroquerie, une créance et diverses garanties au préjudice des victimes», notent les avocats. «À ce stade de la procédure pénale impliquant un renvoi devant le tribunal correctionnel à Paris, la liquidatrice de la banque Landsbanki Luxembourg ainsi que cette dernière essaient, par divers procédés frauduleux, de percevoir sur les comptes de la liquidation des sommes d’argent à charge des victimes en réalisant, en fin de compte, les actifs frauduleusement engagés ou en exécutant la créance frauduleusement acquise», poursuivent-ils.

«Il y a manifestement», signalent-ils encore, «tentative de blanchiment, la qualité de liquidatrice et les conditions d’intervention de celle-ci ne l’exonérant nullement de sa responsabilité pénale, et ce d’autant que la liquidatrice ne pouvait ignorer l’état d’avancement de la procédure pénale en France.»

Le collectif des victimes reproche en outre à l’avocate luxembourgeoise ne n’avoir «aucune attention» à leur égard, et d’avoir «multiplié les procédures en se prévalant de créances dont la validité est éminemment contestable compte tenu de l’état d’avancement des procédures pénales».

Reste à voir le sort que le pôle financier de Paris fera de cette plainte, alors que le nom de la banque a été abondamment cité dans l’affaire des Panama Papers, provoquant la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson.

Contactée par Paperjam, Me Hamilius, occupée par une audience, n'était pas en mesure de commenter cette annonce.