Le CSV a compté six Premiers ministres dans ses rangs depuis la Seconde Guerre mondiale. Reste à voir si, comme lors de la législature de 1974-1979, la cure d’opposition préfigure cette année un retour aux affaires gouvernementales. (Photo: Mike Zenari / archives)

Le CSV a compté six Premiers ministres dans ses rangs depuis la Seconde Guerre mondiale. Reste à voir si, comme lors de la législature de 1974-1979, la cure d’opposition préfigure cette année un retour aux affaires gouvernementales. (Photo: Mike Zenari / archives)

1964, l’année du scénario inédit. Le CSV et le LSAP dépassent tous les deux 35% des suffrages, mais les socialistes l’emportent d’une courte tête devant des chrétiens-sociaux habitués à terminer en première position lors de chaque scrutin législatif. 

Compte tenu du découpage électoral en quatre circonscriptions, le CSV remporte toutefois 22 mandats contre 21 pour son principal rival. Étant donné que les libéraux subissent dans le même temps une déconvenue en perdant cinq sièges, une grande coalition CSV-LSAP semble inévitable. La quasi-parité rend les négociations ardues, mais elles aboutissent à la formation d’un gouvernement emmené par le duo Pierre Werner (CSV) et Henry Cravatte (LSAP). Celui-ci connaîtra de nombreuses tensions qui aboutiront à des remaniements ministériels en cours de législature.

Un autre moment marquant est le scrutin de 1974, au cours duquel rien ne laisse présager un grand bouleversement. Le LSAP est en effet miné par une scission qui a vu le départ de Henry Cravatte et d’autres membres du parti, lesquels créent en 1970 le Parti social-démocrate (PSD). Celui-ci remporte cinq sièges aux élections législatives de 1974, mais le LSAP n’en abandonne qu’un seul alors que le CSV en perd trois. Les libéraux sont les grands gagnants de ce scrutin et pour la première fois depuis 1945, le CSV décide de faire une cure d’opposition. 

En 2013, les élections anticipées mènent à un nouveau renversement: cette fois, les chrétiens-sociaux se voient écartés contre leur gré de la majorité et doivent s’incliner devant l’alliance bleu-rouge-vert.

Six Premiers ministres

Le reste du temps, le CSV demeure l’incontestable parti numéro un du paysage politique. Il réalise ses scores les plus élevés en termes de suffrages lors des trois premiers scrutins d’après-guerre, où il dépasse allègrement les 40%

Par contre, il atteint son score le plus bas en 1979, où il passa tout juste en dessous des 30%. En termes de mandats, le scrutin de 2009 constitue le pic, avec 26 sièges glanés sur un total de 60 attribués. Il faut remonter à 1945 pour observer une telle domination: sur les 50 mandats à pourvoir à l’époque, les chrétiens-sociaux en remportent la moitié, soit 25 sièges.

Le CSV a compté six Premiers ministres dans ses rangs depuis la Seconde Guerre mondiale: Pierre Dupong prend les commandes de 1945 à 1953 après avoir déjà assumé les mêmes fonctions de 1937 à 1940; Joseph Bech prend la relève de 1953 à 1958, un poste qu’il occupait lui aussi déjà avant-guerre comme prédécesseur de Pierre Dupong; Pierre Frieden succède à ce dernier, de 1958 jusqu’à son décès en 1959; Pierre Werner suit de 1959 à 1974, passe ensuite avec son parti dans l’opposition pour revenir au pouvoir de 1979 à 1984; Jacques Santer devient chef du gouvernement à partir de 1984 et cède son poste en 1995 après avoir été désigné à la tête de la Commission européenne; Jean-Claude Juncker reprend le flambeau en 1995 et assume les fonctions de Premier ministre jusqu’à la chute de son gouvernement en 2013

Reste à voir si, comme lors de la législature de 1974-1979, la cure d’opposition préfigure cette année un retour aux affaires gouvernementales.