Plusieurs milliers d’employés ont déjà quitté la City, et ce n’est pas fini. (Photo: Shutterstock)

Plusieurs milliers d’employés ont déjà quitté la City, et ce n’est pas fini. (Photo: Shutterstock)

Après avoir reçu le soutien de son propre parti mercredi soir, Theresa May a annoncé ce jeudi que le vote du Parlement était reporté à la rentrée parlementaire prévue le 7 janvier. Le vote se fera donc entre cette date de rentrée et le 21 janvier, date butoir pour obtenir le soutien du Parlement.

En attendant, même si l’espoir était vaguement revenu après l’accord entre la Première ministre britannique et ses partenaires européens, le 25 novembre dernier, l’Europe reste engluée dans l’incertitude face à la sortie des Britanniques.

Dans le monde financier, on scrute attentivement chaque avancée, ou recul, afin de pouvoir avancer ses pions au mieux.

Nouvelle alerte

Partner Assurances et Banques chez EY Luxembourg et membre du Brexit European Committee du groupe de conseil, Jean-Michel Pacaud note qu’aujourd’hui le mot d’ordre dans le monde financier britannique est de se préparer à un «no deal».

«On voit venir une nouvelle vague d’acteurs de la City à la recherche d’une solution de repli d’urgence en cas de non-accord», note-t-il. «Elle n’a pas encore atteint le Luxembourg, mais vu l’attrait du pays lors de la vague précédente, il n’y a pas de raison que certains ne fassent pas à nouveau le choix du Grand-Duché.»

Rappelons que, rien que pour le secteur des assurances, 11 sociétés ont déjà installé un bureau au Luxembourg pour pouvoir disposer du passeport européen. «Cela représente déjà entre 100 et 120 emplois», précise M. Pacaud. «La plupart de ces sociétés sont désormais actives, mais toutes n’ont pas encore réglé le transfert de la gestion de leurs succursales européennes depuis le Luxembourg.»

Une sortie sans accord provoquerait beaucoup d’incertitudes sur le plan juridique.

Jean-Michel Pacaud, partner EY Luxembourg

Le climat d’incertitude qui persiste depuis plus de deux ans n’est évidemment pas bon pour les affaires, mais le responsable Brexit d’EY estime pourtant que beaucoup préfèrent encore cela à la certitude d’un «no deal». «Un retrait ordonné est la solution la plus profitable. Une sortie sans accord provoquerait beaucoup d’incertitudes sur le plan juridique.»

Mais le ministère britannique des Finances se prépare pourtant à cette éventualité que chacun essaie encore d’éviter. «Le régulateur britannique vient de publier une liste de réglementations spécifiques à l’attention de son secteur financier. Il tient à reprendre la main dès à présent, afin que les acteurs soient toujours soumis à des réglementations strictes si le retrait doit se faire sans période de transition.»

La trêve des confiseurs ne sera donc pas de tout repos pour les fonctionnaires de sa royale majesté.