Annemarie Jung prend rapidement ses marques dans une fonction qui nécessite, à ses yeux, «d’être à l’écoute de ses membres et réactif devant leurs besoins». (Photo: Maison Moderne)

Annemarie Jung prend rapidement ses marques dans une fonction qui nécessite, à ses yeux, «d’être à l’écoute de ses membres et réactif devant leurs besoins». (Photo: Maison Moderne)

Madame Jung, comment avez-vous été amenée à postuler à ce poste de secrétaire générale de l’ABBL?

«Après une carrière dans le monde bancaire (Banque de Luxembourg, BGL BNP Paribas, TD Direct Investing, ndlr) et plus de trois ans au sein de la business line External Payments d’Amazon, j’avoue avoir été intriguée par le descriptif du poste qui place notamment sous la responsabilité du secrétaire général les dossiers fintech et paiements, autrement dit mes deux compétences professionnelles. Et puis, ayant pratiqué pas mal d’années en quelque sorte de l’autre côté du miroir, je trouvais passionnante l’idée de pouvoir apporter à mon tour quelque chose à l’ensemble du secteur. Un bon secrétaire général doit surtout être à l’écoute de ses membres et être réactif devant leurs besoins.

Nous devons devenir une association qui apporte des services très dynamiques et très fluides.

Annemarie Jung, secrétaire générale de l’ABBL

Quels sont vos objectifs dans ces nouvelles fonctions?

«En tout premier lieu de pousser l’agenda de la digitalisation pour nos membres. Et ça commence déjà en interne! Nous devons devenir une association qui apporte des services très dynamiques et très fluides, pouvant être utilisés et intégrés très facilement par nos membres, en étant les moins administratifs possible. Il est par exemple primordial d’avoir une plateforme commune d’échanges et des moyens d’interactions online permanentes.

Vous arrivez en pleine période d’ébullition sur le front des fintech. Comment envisagez-vous les développements de ce secteur?

«C’est clairement un des piliers d’avenir pour le Luxembourg, même si le terme ‘fintech’ est un peu un buzz word qui sera bientôt remplacé par les générations suivantes que seront les ‘wealthtech’, ‘insurtech’ et autres ‘regtech’. Cela va demander beaucoup de changements pour les acteurs de la Place et leurs employés, mais leur apportera aussi beaucoup d’opportunités.

Il y a ici un écosystème très complet pour accompagner les fintech dans leur phase de développement et je veux mettre à disposition des membres de l’ABBL un mapping des différents acteurs de la Place: qui fait quoi? Comment aider les membres à s’informer en la matière et à y trouver leur place? Nous visons la facilitation des besoins de nos membres.

Il est important que l’ABBL soit un des moteurs du mouvement fintech.

Annemarie Jung, secrétaire générale de l’ABBL

Quel devra être le rôle de l’ABBL dans cet écosystème?

«Au travers de notre cluster Digital Banking and Fintech Innovation, nous avons déjà été très actifs en 2016, notamment en organisant une sorte de ‘speed dating’ qui a permis à nos membres d’assister à des pitches de start-up. Un grand nombre de contacts a pu ainsi s’établir. On ne peut pas encore juger évidemment de ce qui va en sortir, mais notre rôle était de créer ce contact. Nous avons aussi mis en place un programme de formation dédié au sein de la House of Training et nous sommes en train de préparer, ensemble avec le président de notre cluster Jean Hilger (CIO de la BCEE, ndlr), le plan d’action 2017.

D’une manière générale, il est important que l’ABBL soit un des moteurs de ce mouvement, mais il faut surtout éviter qu’entre les différents acteurs impliqués, tels LFF, la Lhoft, Luxinnovation ou les incubateurs, il y ait des redondances ou, pire, des lacunes.

Peut-on imaginer que l’ABBL ouvre son membership à des sociétés comme les fintech, comme l’Alfi a pu le faire il y a quelques années avec des acteurs proches de l’industrie des fonds?

«La réflexion est en cours. Nous devons encore finaliser un modèle qui permette d’envisager une telle intégration et voir quels types de services nous serions alors en mesure de pouvoir leur apporter.

Vous évoquiez le volet «paiements». La directive européenne PSD2 doit être transposée d’ici un an. Vos membres sont-ils prêts?

«On se dirige vers une grande révolution dans les façons de procéder et il y aura aussi un travail presque psychologique à faire. Nous avons lancé auprès de nos membres, avec un consultant externe (Innopay, ndlr), une étude sur l’évolution de tout ce qui touchera aux marchés des paiements. Les workshops initiaux ont eu lieu en janvier et les premiers retours sont très positifs. Nous présenterons, en juin, les résultats de cette étude qui servira de base quant aux évolutions à anticiper et à opérationnaliser.

Comment envisagez-vous l’évolution du secteur bancaire dans les prochaines années?

«Il y aura, je l’espère, surtout des changements dans la digitalisation et la relation avec les clients, sachant que les besoins des consommateurs et la réglementation autour du secteur financier n’évoluent jamais aussi vite que les technologies. Mais nous avons un régulateur qui est très à l’écoute et assez réactif, qui montre une véritable volonté d’ouverture et qui a reconnu les besoins d’évolution de la Place. L’idée est de pouvoir compter sur un cadre à la fois rigoureux qui garantisse la sécurité des clients de nos membres, mais aussi qui aille à la rencontre des besoins futurs de ces clients.»