Le futur cadre légal permettant aux entreprises de posséder les ressources spatiales doit être déposé «en octobre» à la Chambre, indique Étienne Schneider. (Photo: Maison Moderne)

Le futur cadre légal permettant aux entreprises de posséder les ressources spatiales doit être déposé «en octobre» à la Chambre, indique Étienne Schneider. (Photo: Maison Moderne)

Monsieur le ministre, comme 22 autres États, le Luxembourg a participé samedi aux échanges sur l’avenir des programmes spatiaux européens. L’occasion pour vous de présenter une nouvelle fois l’initiative Spaceresoures.lu

«Ces échanges ont été l’occasion d’expliquer notre objectif, les raisons pour lesquelles nous l’avons mise en place et pourquoi le Luxembourg est le seul pays de l’Union européenne à se lancer vraiment dans l’exploitation des ressources spatiales. Cela a permis de rappeler que l’espace est un business dans lequel le pays est bien positionné au niveau mondial. C’est important de démontrer que même si nous sommes un très petit pays, nous avons des atouts et les moyens pour regrouper les entrepreneurs ou les futurs entrepreneurs du secteur ici au Luxembourg. Cela ne signifie pas que l’État va investir massivement dans cette aventure, mais que nous avons besoin de mettre en place l’infrastructure qui permettra aux investisseurs de se développer sur notre territoire.

Par infrastructure, vous pensez au cadre légal qui doit voir le jour d’ici 2017?

«Absolument. Le texte destiné à permettre aux entreprises de posséder tout ce qu’elles ramèneront sur Terre a été finalisé au cours de l’été et devrait être déposé au mois d’octobre à la Chambre. C’est un aspect très important de la future infrastructure. Au même titre que l’enveloppe de 200 millions d’euros que l’État a mis à disposition pour débuter nos activités dans le secteur. Ce chiffre peut paraître élevé, mais en comparaison du milliard d’euros investi dans la logistique… L’idée d’ailleurs n’est pas que cet argent soit dépensé dans des prospections propres au gouvernement, mais pour des investissements dans le capital de sociétés qui nous semblent importantes.

Les choses bougent vraiment.

Étienne Schneider, ministre de l'Économie

Vous faites ici référence à la prise de participation dans la société créée par Planetary Resources au Luxembourg?

«Notamment, même si, dans ce cas précis, j’ai un peu changé d’avis. Car si j’ai la possibilité d’investir directement dans la maison mère américaine, le représentant luxembourgeois sera autour de la table avec tous les grands noms qui ont déjà investi, comme Richard Branson de Virgin ou Éric Schmidt de Google. Donc cela nous donnerait une ouverture dans le marché américain et la possibilité de côtoyer des gens extrêmement importants pour le développement de secteurs phare au Luxembourg. Les discussions sur ce sujet sont en cours de finalisation.

Et qu'en est-il du projet de vaisseau spatial signé avec Deep Space Industries, l’autre grand de l’exploration spatiale?

«Le contrat de la mission de prospection via le Prospector-X débutera en octobre et durera plus ou moins deux ans. Tout cela pour dire que les choses bougent vraiment, notamment via les discussions que nous avons avec les autres États, intéressés par notre projet. C’est le cas notamment de Singapour, de l’Allemagne, du Portugal, de l’Inde ou des Émirats arabes unis. Ce projet sera ainsi l’un des sujets à présenter lors de l’Expo 2020 à Dubaï.

Le nom d'un nouveau membre du board devrait être annoncé en janvier.

Étienne Schneider, ministre de l'Économie

Et qu’en est-il des États-Unis, seul autre pays à s’être lancé dans une législation sur l’exploitation spatiale?

«Ils s’intéressent aussi à ce qui se passe ici et ont une législation un peu identique à celle que nous allons avoir, mais nous avons été un peu plus malins que les Américains. Selon leur législation, les entreprises pourront s’approprier les ressources ramenées sur Terre, mais seulement si les capitaux de ces sociétés sont majoritairement américains. Et ce point va poser un problème assez vite pour eux et devenir un avantage pour le Luxembourg, car nous, comme toujours, nous sommes extrêmement ouverts et ne regardons pas la nationalité des investisseurs.

Lors de la présentation du projet, en février dernier, vous évoquiez l’arrivée d’un représentant asiatique dans le board. Où en sont les discussions?

«Nous devrions avoir une annonce sur ce sujet en janvier prochain. Je ne peux pas encore confirmer la nationalité de ce nouveau membre, mais il sera du même calibre que Jean-Jacques Dordain, Simon 'Pete' Worden et Georges Schmit. Ce dernier, ancien consul aux États-Unis, se verra d’ailleurs proposer un contrat pour travailler exclusivement sur cette initiative. Nous allons d’ailleurs organiser, les 21 et 22 septembre prochains à l’abbaye de Neïmunster, une conférence qui rassemblera une centaine d’experts en technologie pour échanger sur les opportunités du space mining.»