«Nous avons été le premier restaurateur de collectivités à ne plus jeter un déchet à la poubelle», expliquent Marc Poncé (à gauche) et Julien Demoulin. (Photo: Matic Zorman)

«Nous avons été le premier restaurateur de collectivités à ne plus jeter un déchet à la poubelle», expliquent Marc Poncé (à gauche) et Julien Demoulin. (Photo: Matic Zorman)

Quel bilan faites-vous de 2018?

Marc Poncé.- «Julien Demoulin nous a rejoints à la mi-octobre afin de préparer mon remplacement au poste de directeur général. Le passage de témoin s’achèvera aux mois de février-mars. L’idée est de réaliser une passation en douceur, afin qu’il ait le temps de prendre en main les dossiers. Pour cette année, dont l’exercice s’est achevé au 31 août, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 124 millions d’euros, et nous visons 130 à 132 millions d’euros pour 2019.

Cela se traduit par une évolution de notre effectif, de 1.870 salariés au début de l’année, nous devrions atteindre 2.150 ou 2.200 salariés au 1er janvier 2019. Nous effectuons différentes sortes de services, de la restauration, les chèques repas, du facility management, l’exploitation d’établissements pour personnes âgées, etc. Nous avons plus de 100 métiers. Depuis 2008, nous avons doublé notre chiffre d’affaires et nos effectifs.

Concernant l’exploitation d’établissements pour personnes âgées, vous avez notamment connu un épisode de grève dans le courant du mois de juin?

M.P. «Ce fut la première grève à laquelle nous avons été confrontés. Bien sûr, c’est un évènement important dans l’année qui vient de s’écouler. Du personnel dépendait de la convention collective de travail Fédération des hôpitaux luxembourgeois, et réclamaient que leur soient versées certaines revalorisations. Face à des difficultés économiques, nous avons essayé de renégocier afin de les rapprocher du personnel qui dépend de la convention collective du secteur d’aide et de soins et du secteur social, mais cela ne s’est pas bien passé, donc trois établissements ont entamé une grève, dont le nôtre, An de Wisen à Bettembourg, qui a duré dix jours.

C’est au final le gouvernement qui a mis fin à cet épisode de grève, en s’engageant financièrement via l’assurance dépendance?

M.P. «C’était un problème à régler de manière politique, puisque nous étions dans du financement de services publics, il fallait en effet que les autorités s’en saisissent car nous n’aurions pas été capables de payer ce qui était demandé. Avec le recul, ça a été une période extrêmement complexe, qui a créé des difficultés en interne. Mais si l’État tient ses engagements, nous ne devrions plus être confrontés à un tel évènement.

Quels sont les projets futurs de Sodexo au Luxembourg?

Julien Demoulin.- «Nous souhaitons mettre à disposition des outils digitaux les plus performants, aussi bien pour améliorer le travail de nos équipes au quotidien, que pour répondre aux attentes et aux besoins de nos consommateurs. Dans le programme du gouvernement, il y a par exemple la digitalisation des chèques-repas, activité sur laquelle nous possédons 75.000 consommateurs tous les jours au Luxembourg.

C’est un sujet sur lequel on travaille depuis un ou deux ans, et au minimum nous mettrons en place une carte comme cela existe déjà dans d’autres pays. Dans le secteur du troisième âge, on s’intéresse par exemple à l’intelligence artificielle, et on essaye de voir ce qui pourrait vraiment être utile à notre métier. Par exemple, faire écouter ou lire le journal par un robot.

Vous êtes également signataire du manifeste «zéro plastique à usage unique» lancé par IMS?

M.P. «Absolument, l’environnement est un enjeu pour nous depuis une quinzaine d’années. Il y a par exemple un de nos clients qui utilisait 1,8 million de gobelets en plastique par an, que l’on a remplacés par des tasses réutilisables. Nous avons également été le premier restaurateur de collectivités à ne plus jeter un déchet à la poubelle.

Nous essayons d’avoir un minimum de pertes, et ce qui représente des pertes inévitables, comme les épluchures, les retours de plateaux, etc. sont recyclés en biométhanisation. Et désormais, chaque fois qu’un de nos véhicules arrive en fin de leasing, nous le remplaçons par un véhicule électrique, pour la livraison de repas. Dans les quatre à cinq prochaines années, la moitié de notre flotte pourrait être en électrique.

Quelle est votre vision du Luxembourg pour cette année 2019? 

M.P. «Nous avons la chance de travailler dans un pays avec un fort développement économique. Selon moi, la plus grande inconnue concerne l’avenir du secteur bancaire dans les cinq à dix ans, parce qu’il ne va plus aller en grandissant, donc il faut que le Luxembourg attire des sociétés qui ne sont pas dans le secteur de la finance, comme Fage ou Google.

Certains évoquent l’argument environnemental pour qu’ils ne s’installent pas dans le pays, mais si Google s’installe par exemple à Mons, l’énergie sera consommée de l’autre côté de la frontière, et l’impact environnemental n’est pas national, mais international. Mais il est certain qu’il faut bien étudier ce que ces projets apportent au pays, s’ils créent de l’emploi, etc. Le Luxembourg garde la chance d’avoir une législation attractive et possède une faculté à s’adapter beaucoup plus vite au changement.»