Le nerf de la guerre pour les start-up reste l'attraction des talents et du capital, résume Nicolas Buck. (Photo: Maison Moderne)

Le nerf de la guerre pour les start-up reste l'attraction des talents et du capital, résume Nicolas Buck. (Photo: Maison Moderne)

C’est une page qui se tourne, ou plutôt une occupation qui s’efface dans un agenda bien rempli. «Quand on fait du bénévolat, il faut avoir le temps de le faire pour avoir de l’impact, déclare Nicolas Buck à Paperjam.lu. Je reste profondément attaché au monde de l’entreprise, à la création, à la prise de risque. Créer sa société est un levier extraordinaire pour changer de vie, si on le veut.»

Ce constat, Nicolas Buck le partage à quelques jours d’un passage de relais à la présidence de Nyuko, qu’il quittera. Le 25 octobre, la réunion de l’asbl verra en effet la prise de fonction en tant que présidente de Karin Schintgen, actuelle responsable de l’incubateur de BGL BNP Paribas, le Lux Future Lab.

«Ce changement s’inscrit dans le projet de la House of Start-ups, ajoute Nicolas Buck. Nyuko y disposera de plus de moyens, cela va permettre de le faire passer à une plus grande envergure.»

Le départ volontaire de Nicolas Buck intervient donc au moment de la mise en place par la Chambre de commerce de la ville de Luxembourg d’un grand incubateur dans le quartier de la gare. L’ensemble de 4.200 mètres carrés situé au bâtiment Le Dôme sera occupé par l’incubateur de la ville de Luxembourg – le Luxembourg City Incubator –, Nyuko et la Luxembourg House of Financial Technology (LHoFT).

Mme Schintgen endossera aussi le rôle de CEO de la House of Start-ups. Martin Guérin, actuel CEO de Nyuko, deviendra également le CEO du Luxembourg City Incubator.

«Start-up nation», un récit partagé

Nyuko est né suite à la fusion actée fin 2014 de l’asbl Business Initiative (à l’origine de 1,2,3 Go) et de la plateforme de coworking Impactory. «Je dois remercier Robert Dennewald de m’avoir proposé à l’époque de prendre la présidence de l’asbl», se souvient Nicolas Buck, qui n’oublie pas le soutien dans sa démarche du président de la Chambre de commerce, Michel Wurth.

«Je me suis beaucoup investi dans cette mission. Je remarque que l’écosystème est aussi arrivé à une maturité différente», ajoute Nicolas Buck.

Le coup force de Nyuko sous la présidence de Nicolas Buck aura été le lancement du concept de «start-up nation» fin 2014: un large appel aux forces vives du pays à prendre le chemin vers un Luxembourg ouvert aux start-up, sur un mode industrialisé.

La start-up nation est une histoire de moyens et de masse critique.

Nicolas Buck

«Nous voulions mettre cette idée à l’agenda du pays et je remarque avec intérêt que beaucoup se sont approprié cette idée», relève Nicolas Buck qui se félicite de l’émergence, entre temps, de nouveaux incubateurs dans le secteur privé, qu’il s’agisse de Paul Wurth ou de Vodafone. L’historique Technoport, lancé par le ministère de l’Économie, a quant à lui poursuivi sa croissance.

«La start-up nation est une histoire de moyens et de masse critique, ajoute Nicolas Buck. Sur 10 start-up qui se créent, 7 vont échouer. Il faut donc aboutir à un certain volume pour avoir un impact. Si nous arrivons au chiffre magique de 1000 start-up qui emploieraient chacune entre 5 et 10 personnes, on pourrait parler d’une masse critique.»

En créant des incubateurs et des accélérateurs comme Nyuko, le Luxembourg s’est doté en quelques années d’espaces propices à l’échange entre acteurs au profit des start-up qui nécessitent accompagnement, financement et formation tout au long de leur parcours. 

La clé du financement

«Le nerf de la guerre reste d’attirer les talents et l’argent», pour Nicolas Buck qui souligne l’importance de faire en sorte que «la population locale qui a les moyens puisse regarder ce type d’investissement comme une partie de leur portefeuille de leur patrimoine.»

Le projet d’incitant fiscal à destination des «business angels» et autres investisseurs privés qui voudraient investir dans l’une des quelque 250 start-up que compte le Luxembourg reste sur le métier. Mais l’ouvrage ne devrait pas être finalisé par le ministère des Finances avant les prochaines élections législatives.

Il n’empêche que, pour Nicolas Buck, le mouvement est en marche avec désormais un apport notable du secteur privé qui a su dénouer les cordons de la bourse, par exemple lors de la création d’Expon Capital et du Digital Tech Fund.

«J’ai rarement vu sujet aussi complexe que l’écosystème des start-up tant il touche beaucoup d’axes, c’est un puzzle», résume Nicolas Buck qui a apporté sa pierre à un édifice en construction qu’il regardera et supportera désormais avec plus de distance, et sa casquette de président de la Fedil.