Michel Wolter, le maire de Bascharage, estime que sa commune ne pourra esquiver le débat de la croissance. Selon lui, il ne faut ni freiner, ni foncer. (Photo: DR)

Michel Wolter, le maire de Bascharage, estime que sa commune ne pourra esquiver le débat de la croissance. Selon lui, il ne faut ni freiner, ni foncer. (Photo: DR)

Monsieur Wolter, quels étaient les grands défis des dernières années dans la commune de Bascharage?

«Le plus grand défi était sans aucun doute la mise en œuvre de la fusion (entre Bascharage et Clemency, ndlr). Nous avons dû rapprocher les deux communes au niveau de la réglementation, ainsi qu’au niveau de l’organisation de la commune. Le deuxième grand défi était la préparation du plan d’aménagement général pour la commune fusionnée. Les PAG de la nouvelle génération représentent un effort herculéen, qui nous a pris trois ans de travail intensif. Nous sommes fiers d’y être arrivés.

Derrière, nous avions l’ambition de créer de vrais centres de village, car Bascharage était plutôt connue comme une ville de transit. Désormais, nous avons complètement changé les places près de l’église, près de l’école et près de la mairie et les travaux sont sur le point d’aboutir. Nous sommes en train de faire de même à Clemency, même si nous sommes en retard, car il fallait d’abord préparer les études nécessaires. La construction d’une aire de jeux, d’une maison relais et de 200 places de stationnement a été entamée. S’y ajouteront encore une nouvelle salle des fêtes et un parc, comme à Bascharage.

Pour finir, j’aimerais bien évidemment évoquer le contournement, projet sur lequel nous avons bien avancé, car à mes yeux nous avons réussi à persuader l’État. Le ministre l’a confirmé lors des présentations orales et écrites du tracé retenu. Cela fait des années qu’à Bascharage, nous plaidons pour ce contournement et que nous avons collecté les données. Nous attendons évidemment que le ministre tienne sa promesse et qu’il dépose cet automne le projet de loi.

Le contournement de Bascharage, cela reste un grand défi. Mais croyez-vous qu’une fois construit, il résoudra tous les problèmes de mobilité dans votre commune?

«Je pense que tout d’abord, il faudra déjà maintenir la pression pour que le contournement soit réalisé. En outre, nous avons déjà fait beaucoup d’efforts là où nous le pouvions, notamment en rattachant notre réseau de bus au Tice (réseau intercommunal du canton de Esch, ndlr). Nous avons également une liaison RGTR avec la capitale et avec les communes du sud. Et derrière, nous avons augmenté l’attractivité de notre gare en ajoutant une deuxième voie. Ironiquement, cela nous pose des problèmes de stationnement pour permettre au grand nombre d’usagers de garer leur véhicule. Pour cette raison, nous menons actuellement des discussions avec l’État pour construire un grand parking de 400 à 500 places.

Reste à signaler que nous avons ajouté quelques kilomètres de pistes cyclables à notre réseau au cours ces six dernières années en prenant soin de connecter nos pistes à celles de nos voisins.

Vous évoquiez le PAG. Que pouvez-vous nous dire en matière de logement?

«Nous voulons être une commune pour tous les portemonnaies. Nous ne favorisons pas uniquement la construction de grandes résidences ni uniquement la construction de logements sociaux. Nous voulons un équilibre. Il faut avouer que les dernières années ont été plutôt calmes au niveau de la construction de logements classiques, car nous étions en train d’élaborer le PAG. Nous n’avons pas freiné, mais nous n’avons pas foncé non plus.

Au cours des trois derniers mois en revanche, nous avons entamé la procédure pour 150 unités de logement et nous avons mis à disposition des terrains pour deux projets de logements sociaux: d’une part un projet de la SNHBM (Société nationale des habitations à bon marché) qui accueillera 50 unités, et d’autre part un projet du Fonds du logement pour 17 unités.

Nous voulons prendre nos responsabilités, mais je constate – et je suis loin d’être le seul à me plaindre – que malheureusement, les projets des promoteurs publics n’avancent pas aussi vite que nous le souhaiterions. Le travail avec eux est très fastidieux et la procédure est très longue. En ce qui concerne les deux projets de logements sociaux, par exemple, nous sommes en procédure depuis quatre ans. Il y a les réclamations, les études environnementales, la planification, la construction et puis il faut intégrer les projets dans l’existant. Tout cela met énormément de temps.

Quelle est votre vision pour 2023?

«En 2011, nous avions élaboré un projet ‘Bascharage 2020’ avec la vision pour les prochaines années. Sa mise en œuvre est en cours. Désormais, nous mettons sur pied un triptyque ‘école, culture, sport’. Ainsi, nous allons enlever la ‘Hal 75’, pour la remplacer par un nouveau centre culturel, qui sera à proximité de l’école et d’une nouvelle maison relais. Notre objectif est de créer une ville des chemins courts. Je pense qu’à l’avenir nous devrons garantir que les enfants, dont nous devons de plus en plus nous occuper pendant toute la journée, peuvent se déplacer facilement de l’école à leurs clubs sportifs et autres activités parascolaires. Le plus simple, c’est quand ils peuvent tout faire à pied. Bien que nous ayons déjà entamé ce travail, je pense que nous devrons continuer à vouer nos efforts à cela dans les prochaines années.

Un autre grand défi des prochaines années sera le développement urbain. Tandis que nous avons décidé de ne pas élargir le périmètre de construction lors de l’élaboration du nouveau PAG afin de ne pas empoisonner les discussions complexes à cause de la fusion avec Clemency, j’estime que le travail des prochaines années sera de préparer l’analyse du PAG que nous devons faire tous les six ans et ce en vue d’un élargissement futur du périmètre. Je pense en effet que ce dernier peut et devra être élargi. Il ne s’agira pas de grandir de manière tentaculaire, mais en remplissant les lacunes qui existent déjà. Ce travail dépendra bien sûr à nouveau des propriétaires et de la disponibilité des terrains. Je ne me fais pas d’illusions: ce travail ne se fera pas du jour au lendemain. Au vu de la croissance du pays, nous ne voulons pas être précurseurs, mais nous devrons mener une discussion sur le développement de la commune. Et nous le ferons, en gardant bien à l’esprit que ce développement ne pourra se faire que si nous disposons avant des infrastructures nécessaires. Au cours des six dernières années, nous avons investi 20 millions d’euros dans les réseaux. Ça ne se voit pas, mais ce sont des préconditions pour pouvoir continuer à planifier.»

Population 2016: 10.232 (source: Statec)