(de g. à dr.) Manfred Schmitt, président de l’Université de la Sarre et vice-président de l’UniGR, Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine et de l’UniGR, et Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Luxembourg. (Photo: Audrey Somnard)

(de g. à dr.) Manfred Schmitt, président de l’Université de la Sarre et vice-président de l’UniGR, Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine et de l’UniGR, et Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Luxembourg. (Photo: Audrey Somnard)

Ils ont passé deux jours à se réunir à l’Université du Luxembourg. Six recteurs de six universités, ainsi que les représentants des régions, pays et lands qui représentent l’UniGR. Ils ont pour objectif de répondre à l’appel d’offres de la Commission européenne à l’automne prochain pour devenir une université européenne, une initiative du président français. 

En fixant l’objectif de «créer une vingtaine d’universités européennes à l’horizon 2024», le discours d’Emmanuel Macron du 26 septembre dernier et les déclarations du Conseil européen du 14 décembre 2017 ont insufflé une nouvelle dynamique à l’Espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche (EEESR).

À nous de former les citoyens européens.

Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Luxembourg

Ce réseau d’universités de la Grande Région a 10 ans, il s’agit d’une union entre les universités de Lorraine-Sarre-Liège-Trèves-Luxembourg-Kaiserslautern. Quatre pays fondateurs de l’UE, qui ont pu fonder ce réseau en 2008 grâce à des fonds européens, sous forme d’asbl de droit luxembourgeois. L’idée de départ était de soutenir la coopération transfrontalière.

L’UniGR représente 135.000 étudiants, trois langues enseignées (français, allemand et anglais), 7.000 doctorants et 10.000 enseignants-chercheurs. Les recteurs comptent sur la force du nombre pour que l’UniGR devienne officiellement une université européenne.

L’UniGR va jouer dans la cour des grands

«J’ai quitté la Belgique et l’Europe en 1991», raconte Stéphane Pallage, recteur de l’Université du Luxembourg. «Ce n’est pas du tout l’Europe que j’ai quittée. Le président Macron a appelé les universités européennes à s’unir dans des réseaux d’universités; à l’heure où l’Europe se questionne, c’est une très belle idée. À nous de former les citoyens européens.»

Avec une présidence tournante, c’est actuellement Pierre Mutzenhardt, président de l’Université de Lorraine, qui préside l’UniGR. «Nous voulons faire une projection d’une université européenne. Nous sommes déjà actifs dans le domaine de la recherche, mais nous pourrions avoir les moyens d’aller plus loin et de franchir une marche qualitative importante. Nous étions plutôt tournés jusque-là vers l’interne; à l’avenir, nous serons plus tournés vers l’international», a-t-il indiqué.

Parmi les thématiques qui seront mises en avant par le réseau, on peut noter les matériaux et la biomédecine qui vont être continués, mais on ne peut pas plus en dévoiler, car l’UniGR va jouer dans la cour des grands.

L’intérêt de développer ce réseau de six universités, c’est donc d’être plus efficaces en matière de recherche. «Le développement actuel est une perspective formidable pour l’université de la Grande Région», note Manfred Schmitt, président de l’Université de la Sarre. «En l’amenant à un niveau plus élevé avec plus d’international et de recherche, d’innovation, de transfert vers les acteurs économiques de la région.»

Il faut développer une boussole pour s’orienter dans ce monde de l’information.

Manfred Schmitt, président de l’Université de la Sarre

Tous les acteurs ont, depuis 10 ans, une vision commune de ce que devra être l’université européenne. Avec toutes les spécificités des frontières de la Grande Région. «C’est déjà intégré au cursus universitaire et la recherche, mais cela donne une idée aux étudiants de ce qu’est l’Europe. Face à des défis énormes, il faut préparer les générations futures à relever ces défis. Il faut développer une boussole pour s’orienter dans ce monde de l’information», poursuit Manfred Schmitt.

Mais tous sont d’accord pour dire qu’ils ont besoin d’un soutien financier pérenne pour avancer. D’où la réponse de l’appel à candidatures de la Commission européenne à l’automne. L’UniGR devrait recevoir une réponse d’ici janvier à février 2019. 

19 cursus communs

Il faut dire qu’avec 10 ans d’expérience, l’UniGR a pris de l’avance sur d’éventuels concurrents pour devenir l’université européenne. «Il y a d’autres réseaux européens, mais aucun ne s’est autant développé que le nôtre avec 19 cursus en commun», fait remarquer Pierre Mutzenhardt. Un cheminement «doux, mais efficace».

Concrètement, il n’est pas prévu de dissoudre les universités partenaires, mais de les réunir pour obtenir un ensemble. Le réseau a pour objectif d’avoir plus d’étudiants dans les cursus partagés. De viser l’excellence en recherche et d’être plus attractif. «Ce qui fait une université, c’est l’équilibre entre les programmes de recherche et l’enseignement», estime Pierre Mutzenhardt.