Claude Olinger, directeur des ressources humaines de Post Group et Pierre Knoden, responsable RH et membre du comité de direction d’ING Luxembourg. (Photo: Matic Zorman)

Claude Olinger, directeur des ressources humaines de Post Group et Pierre Knoden, responsable RH et membre du comité de direction d’ING Luxembourg. (Photo: Matic Zorman)

La plupart des entreprises au Luxembourg comptent un important contingent de travailleurs frontaliers. «Au sein du groupe Post, ils représentent 33% de nos collaborateurs. 22% viennent de France, 6% de Belgique, 5% d’Allemagne, détaille Claude Olinger, directeur des ressources humaines de Post Group. Ils sont représentés à tous les niveaux de carrière. Nous dénombrons plus de 43 nationalités au sein de nos équipes.Toutes ces personnes sont rassemblées autour de nos valeurs et notre ancrage luxembourgeois. L’ensemble est, je pense, représentatif de la diversité qui existe à travers le pays.»

Dans d’autres entreprises, comme ING Luxembourg, la part de travailleurs frontaliers est encore plus importante. «Elle constitue 57% de nos effectifs, précise Pierre Knoden, responsable RH et membre du comité de direction. La plupart viennent de France et de Belgique. Ceux qui viennent d’Allemagne, moins nombreux, sont souvent des ex-résidents qui ont choisi de vivre de l’autre côté de la frontière en raison des prix de l’immobilier.»

Dans l’ensemble, la diversité présente au sein de notre structure se construit comme un miroir de notre clientèle.

Pierre Knoden, responsable RH et membre du comité de direction d’ING Luxembourg

Au sein de la banque, les frontaliers sont principalement représentés au niveau des fonctions de support. Dans les agences, on retrouve le plus souvent des résidents, proches de la population locale.

«Dans l’ensemble, la diversité présente au sein de notre structure se construit comme un miroir de notre clientèle. Culturellement, c’est très riche», poursuit Pierre Knoden.

Recruter à l’international

Pour Post comme pour ING, le recrutement s’envisage désormais à l’échelle de la Grande Région, ce bassin économique constitué du Grand-Duché, de la Lorraine, de la Rhénanie-Palatinat et de la Wallonie.

«Nous recrutons à travers toute cette zone sans faire de distinction entre résidents et frontaliers, via notamment des partenariats avec des universités et grandes écoles que l’on y trouve», précise Claude Olinger.

«Plus de 30% de nos recrutements au premier trimestre de cette année sont des stagiaires qui ont connu notre banque dans le contexte de leur formation et qui ont choisi de nous rejoindre», ajoute Pierre Knoden.

Dans l’ensemble, toutefois, les frontaliers sont traités de la même manière que tout salarié résident. Cependant, pour continuer à attirer ceux qui, chaque jour, choisissent de passer la frontière, les acteurs économiques doivent s’adapter.

Maintenir l’attractivité du pays

Les frontaliers ne sont en effet pas forcément confrontés aux mêmes contraintes que les résidents.

Nous veillons à faciliter l’accès à tout le monde et réfléchissons au moyen d’introduire plus de flexibilité, à travers l’élargissement des plages horaires mobiles.

Claude Olinger, directeur des ressources humaines de Post Group

«La mobilité, par exemple, s’est considérablement dégradée ces dernières années pour l’ensemble de nos collaborateurs, et plus encore pour ceux qui doivent venir de Thionville, de Metz ou de Belgique. Suite à la réforme fiscale, par ailleurs, beaucoup de frontaliers se sont posé des questions sur l’impact que cela allait avoir sur leurs revenus, explique Pierre Knoden. Dans l’ensemble, tous les travailleurs aspirent à plus de flexibilité, à un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle. L’évolution des contraintes nous pousse à repenser la manière de nous organiser pour continuer à attirer ces travailleurs.» 

Face aux problèmes de mobilité, ING Luxembourg a notamment choisi d’installer son nouveau siège juste en face de la gare, facilitant grandement l’accès en transports en commun. Un autre enjeu réside dans l’introduction de plus de flexibilité dans l’organisation du travail.

«Jusqu’à présent, nous ne souffrons pas d’une baisse d’attractivité. Les frontaliers qui nous rejoignent font un choix en connaissance de cause, en considérant l’ensemble des paramètres, entre pouvoir d’achat et qualité de vie. Toutefois, nous veillons à faciliter l’accès à tout le monde et réfléchissons au moyen d’introduire plus de flexibilité, à travers l’élargissement des plages horaires mobiles, par exemple», commente Claude Olinger.

Faciliter le télétravail

Le télétravail est aussi un levier permettant d’introduire plus de flexibilité tout en répondant aux enjeux de mobilité. Néanmoins, il ne peut s’appliquer partout. Les frontaliers, plus particulièrement, se heurtent à des risques sociaux et fiscaux en la matière. ING, cependant, est parvenue à mettre en place une réelle politique pour encadrer le télétravail.

«Nous autorisons tous nos employés à travailler un certain nombre de jours depuis leur domicile. Notre politique tient compte de la règle des 25% du temps de travail, qui détermine le pays d’affiliation à la Sécurité sociale, précise Pierre Knoden. Par rapport aux enjeux fiscaux, avec des seuils de tolérance qui diffèrent d’un pays frontalier à l’autre, nous considérons que cela relève du choix du salarié. Chacun peut très bien décider de prester plus de jours chez lui en sachant que cela implique des conséquences personnelles au niveau fiscal.» 

Pour le responsable RH d’ING, l’élargissement des seuils de tolérance de prestation à l’étranger par l’administration fiscale serait toutefois une bonne chose. «De même qu’il y aurait une réelle opportunité à assouplir le Code du travail, pour faciliter l’introduction d’une plus grande souplesse dont pourraient profiter tous les salariés, aussi bien résidents que frontaliers», conclut-il.