Les métiers du secteur tertiaire, notamment dans l’IT, peinent à recruter au Grand-Duché. (Photo: Licence CC)

Les métiers du secteur tertiaire, notamment dans l’IT, peinent à recruter au Grand-Duché. (Photo: Licence CC)

«Le mot d’ordre sur le marché de l’emploi ne doit plus être seulement ‘jobs, jobs, jobs’, mais également ‘skills, skills, skills’.» C’est le constat de Philippe Lacroix, managing director de ManpowerGroup Belux, cité dans un communiqué, dans le cadre de la 12enquête mondiale sur les pénuries de talents, réalisée par ManpowerGroup et publiée ce mardi.

Réalisée dans 43 pays, auprès de 43.000 employeurs, l’enquête n’évoque pas le Luxembourg, mais 754 employeurs belges ont été interrogés. Il en ressort notamment qu’alors que 130.000 jobs sont actuellement à pourvoir dans le pays, 35% des employeurs «affirment éprouver des difficultés de recrutement». Soit une hausse de 11% par rapport à 2016, date de la dernière enquête.

Des profils qui ne correspondent pas

«Trop petit» pour être pris en compte dans l’étude, «le Luxembourg connaît également des problématiques similaires», analyse Helena Bandeiras-Crestani, de l’agence Manpower de la capitale. «Les secteurs du tertiaire, du bâtiment et de l’industrie sont les plus touchés par les difficultés de recrutement.»

«On observe notamment le peu de réponses que nous obtenons lorsque l’on diffuse des offres d’emploi. Ce n’était pas le cas auparavant.» Dans le tertiaire, par exemple, les langues sont indispensables pour évoluer au Grand-Duché, «et bien qu’elles soient une des pierres angulaires du système luxembourgeois, où les résidents peuvent parler jusqu’à quatre langues, nous ne trouvons pas de profils correspondants. Les personnes qui pourraient convenir se tournent souvent vers les métiers de la fonction publique.» Manpower encourage ainsi fortement les entreprises à réaliser des formations, «mais certaines sont frileuses, elles craignent d’investir pour rien.»

Les grandes entreprises les plus touchées

Autre particularité qui ressort des réponses des employeurs belges, c’est la différence entre les grandes entreprises et les PME, puisque près de deux tiers (64%) des employeurs des grandes entreprises déclarent être confrontés aux pénuries de talents contre moitié moins pour les petites PME (31%). Même constat au Luxembourg. «Les PME sont plus flexibles, sont souvent des entreprises familiales plus attachées aux personnalités. Elles hésiteront moins à former les personnes et à s’engager pour les faire évoluer. Malheureusement, dans les grands groupes, le salarié est souvent un numéro, et la notoriété d’une entreprise attire moins qu’auparavant.»

La Chine épargnée

Au niveau mondial, 45% des employeurs interrogés déclarent avoir des difficultés à trouver le profil adéquat. C’est le score le plus élevé depuis 12 ans (+5% par rapport à 2016). Avec 89%, le Japon apparaît comme le pays le plus touché. La Chine, elle, fait office de bon élève, avec seulement 13% d’employeurs qui déclarent avoir des difficultés pour recruter. Les pays européens ne sont pas épargnés et les employeurs éprouvent des difficultés de recrutement à des degrés divers en Allemagne (51%) et en France (29%). Le Royaume-Uni, avec seulement 19% d’employeurs déclarant avoir des difficultés à trouver le profil adéquat, pourrait ainsi faire valoir cet atout d’attirer les talents, notamment dans le cadre du Brexit.