Un salarié de l’entreprise Lamesch est en train de désosser pièce par pièce une carte mère d’ordinateur. (Photo: Ioanna Schimizzi)

Un salarié de l’entreprise Lamesch est en train de désosser pièce par pièce une carte mère d’ordinateur. (Photo: Ioanna Schimizzi)

«L’objectif du Luxembourg est que 65% des appareils électroniques soient recyclés d’ici 2022.» Un objectif affiché par Claude Turmes, secrétaire d’État au Développement durable, qui s’est rendu ce vendredi sur le site de Bettembourg de l’entreprise Lamesch.

Depuis 2006, l’entreprise qui appartient au groupe Suez, travaille en partenariat avec l’asbl Ecotrel pour la collecte et le recyclage des équipements électriques et électroniques. 

«En 2017, nous avons collecté plus de 6.000 tonnes de DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques), soit l’équivalent d’environ 10 kilos par habitant», explique Bernard Mottet, directeur d’Ecotrel.

Plus de 2.300 tonnes de petits électroménagers traitées 

Ces déchets sont répartis en trois catégories: les petits électroménagers, les «gros blancs» – machines à laver, fours, etc. sauf les frigos qui sont traités par une autre entreprise – et les écrans, qu’il s’agisse d’écrans d’ordinateur ou de télévision.

«Nous avons mis en place une ligne spéciale de démontage manuel pour les petits électroménagers, pour un investissement d’environ un million d’euros, sur laquelle évoluent 14 de nos salariés», précise Alain Jacob, directeur de Lamesch – qui possède au total un effectif de 450 personnes, pour un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros. Un démontage manuel «unique en Europe», selon Claude Turmes. De nombreuses sociétés de recyclage utilisent, en effet, des broyeurs qui ne permettent pas de séparer de manière aussi précise les différents composants et matières présents.

Recycler en étant conforme au RGPD

L’année dernière, 2.300 tonnes de petits électroménagers ont été démontées. «Dont quelque 80% ont été recyclées», ajoute Bernard Mottet. «Nous obtenons des matières premières, comme de l’aluminium, des câbles, des piles, etc. qui sont ensuite revendues à des clients situés dans les pays limitrophes. Nous voyons les déchets comme des ressources. Nous sommes un peu des chercheurs d’or.»

Et désormais, Ecotrel veut aller plus loin et a créé un cluster circulaire et solidaire, afin de «mieux réparer et mieux utiliser les DEEE». Huit entreprises et associations sont actuellement regroupées au sein du cluster.

«L’objectif est d’atteindre les banques, sociétés d’audit, assureurs et autres sociétés à caractère administratif en leur assurant que leurs équipements informatiques en fin d’utilisation seront traités et recyclés de manière optimale», précise le directeur d’Ecotrel. Le but est aussi d’éviter les décharges «sauvages» de ces produits, ou qu’ils ne soient exportés illégalement à l’étranger.

Devenir des centres de services

Parmi les membres du cluster, il y a notamment la société Streff – Data Protection Services, «qui possède des broyeurs mobiles, afin que les outils informatiques soient démontés sur place. Nous touchons là le sujet sensible de la protection des données, et avec l’entrée en vigueur du RGPD, toutes les entreprises y sont attentives.»

Caritas, de son côté, va lancer un projet qui va permettre de collecter des GSM et des smartphones en vue d’être réutilisés par des réfugiés.

«Dans un avenir plus ou moins proche, nous aimerions également développer les centres de recyclage vers des centres de services, afin de faciliter la réutilisation et le réemploi des matières recyclées», confie Bernard Mottet.

Actuellement, plus de 600 sociétés de toute taille et représentant différents secteurs d’activité sont affiliées à Ecotrel. Depuis le 1er janvier 2006, la cotisation de recyclage payée par les consommateurs à l’achat d’un nouvel appareil électrique ou électronique permet notamment de financer la collecte et le traitement des vieux appareils qui reviennent dans les parcs communaux et intercommunaux.