Josée Kirps constate que la fonction publique permet un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. (Photo: D.R.)

Josée Kirps constate que la fonction publique permet un équilibre entre vie professionnelle et vie privée. (Photo: D.R.)

À la tête des Archives nationales depuis 2003, Josée Kirps est la première femme à occuper ce poste. Celle qui a été tour à tour enseignante d’histoire à Lisbonne et attachée de gouvernement au ministère de la Culture considère que la culture, en particulier dans la fonction publique, est plutôt propice aux femmes.

Madame Kirps, être une femme a-t-il été un obstacle à votre ascension professionnelle?

«C’est vrai que les choses se passent de manière différente, selon que l’on soit un homme ou une femme. Pour atteindre le même objectif, je crois qu’une femme doit lutter davantage qu’un homme. Aujourd’hui, en portant un regard sur les dernières années, je dois dire que je ne me suis jamais sentie désavantagée ou handicapée par le fait d’être une femme. Des obstacles et des injustices existent dans tous les domaines, et chacun y est confronté à un moment ou un autre de sa vie. Il faut alors faire face – que l’on soit un homme ou une femme.

Avez-vous bénéficié d’un mentor?

«J’ai eu la chance, tout au long de ma vie, d’être soutenue dans mon développement professionnel par mon entourage et d’avoir rencontré des supérieurs hiérarchiques – hommes et femmes – qui m’ont encouragée et pour qui le fait que je sois une femme était secondaire.

Dans votre secteur, la parité aux postes de direction est-elle plus avancée au Luxembourg qu’ailleurs? Pourquoi, à votre avis?

«J’estime de façon générale que le fait de travailler dans la fonction publique à Luxembourg, constitue – et a toujours constitué – un grand privilège. Aujourd’hui, congés de maternité, congés parentaux, congés pour raisons familiales et autres permettent des aménagements horaires tout autres qu’à l’époque où j’ai commencé. À l’époque, la balance entre vie privée, enfants, ménage et vie professionnelle relevait parfois du véritable exploit.

Que pensez-vous du quota de 40% de représentants du sexe sous-représenté dans les conseils d’administration?

«En principe, j’ai toujours été défavorable aux quotas. Il y a 20 ans, j’étais d’avis que cette égalité entre femmes et hommes devait – et allait – se faire tout naturellement. La féminisation des conseils d’administration est un levier important de changement des représentations sur les femmes. Or, actuellement, je constate, en consultant la liste des membres de différents conseils d’administration, que les femmes continuent à être largement sous-représentées. Les instances dirigeantes des grandes entreprises restent une affaire d’hommes. C’est d’ailleurs la même chose en politique. J’en suis donc arrivée à la conclusion que les quotas sont absolument nécessaires si nous voulons faire avancer les choses.

Il reste des inégalités entre hommes et femmes, notamment au niveau salarial, pour certains métiers.

Josée Kirps, directrice des Archives nationales

De façon générale, l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et la mixité dans les instances dirigeantes permettent de mobiliser tous les talents, toutes les compétences et toutes les expériences disponibles, afin de créer une dynamique nouvelle. Elles accélèrent l’évolution des mentalités et de la perception de la place des femmes dans notre société.

Jugez-vous nécessaire que l’on consacre une journée aux droits des femmes?

«Oui, absolument. Il reste des inégalités entre hommes et femmes, notamment au niveau salarial pour certains métiers. Il y a donc encore des luttes à mener. Selon le dernier rapport établi par le Forum économique social pour 2017, le Luxembourg arrive à la 59e place sur 145 pays dans le classement des pays les plus performants en termes d’égalité. D’après le même rapport, si rien ne change, il faudra attendre 2186 pour que l’égalité homme-femme au travail devienne une réalité... Soit 168 ans!

Quel(s) conseil(s) pouvez-vous donner aux femmes de votre entourage?

«Si j’avais des conseils à donner, je dirais aux femmes de lutter et de se battre, de s’accrocher, d’avoir de la persévérance, et surtout de se laisser guider par leur passion, par ce qu’elles aiment faire: c’est tellement important! En ce qui me concerne, l’histoire m’a toujours passionnée et le fait d’assurer aujourd’hui la garde de notre passé, de notre mémoire nationale, continue à être une source de satisfaction personnelle.»

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